Juliette BOUCHERY

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Billet de blog 18 janvier 2015

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Loi vs Pression... Fight !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Vous vous souvenez du film de Resnais, « Mon Oncle d'Amérique » ? Il était question de science du comportement et de rapports de domination : on mettait des rats en situation en laboratoire pour éclairer les comportements des personnages dans leurs propres situations. La science a sans doute évolué depuis ce film, mais les rapports de domination existent, ils sont un mécanisme de survie. S'ils ne sont pas contenus et canalisés par les structures de la société, c'est l'explosion et le carnage.

Aux personnes qui demandent en ce moment ce qu'il y a dans l'Islam qui pousse à la violence, j'ai envie de dire « rien du tout » ! Mais il y a bien chez les humains un potentiel de violence et si la pression est suffisante, il peut se concrétiser. Je précise tout de suite qu'à mes yeux cela n'excuse personne – ni d'un côté, ni de l'autre.

Le grand rempart contre la violence, c'est... la paix de tous les jours, quand on est libre de poser sa vie dans des cales acceptables, avec suffisamment de satisfactions au quotidien et pas de menace trop fortes contre son intégrité physique ou morale. Pour schématiser, savoir qu'on va avoir à manger et qu'on ne sera pas jeté en tôle sans raison. Tant qu'on peut vivre selon des repères identifiables, en faisant référence à une loi applicable à tous, le passage à la violence reste rare. Réservé aux êtres qui étouffent d'une pression interne plutôt qu'externe, pour ainsi dire.

En voulant à toute force déstabiliser des régions entières du globe pour s'y imposer et mettre la main sur les ressources énergétiques, les nations dominantes ont mis à bas les limites, les structures, les remparts et la loi. Le résultat est l'immonde foutoir auquel nous assistons, nation après nation qui bascule dans un chaos affreux, au Moyen-Orient, en Afrique, des milliers de victimes tombent chaque jour. Les populations pauvres des pays riches, enfermées dans une équation quasiment sans issue, pourraient basculer à terme dans une situation similaire.

Non, ce n'est pas la faute de l'Islam. Ce n'est même pas la religion. Je me souviens de copains de ma fille qui se réclamaient d'un système très voisin de celui mis en avant par les « islamistes » : âme guerrière, sacrifice, dévouement jusqu'à la mort, etc, etc, mais eux, ils avaient plaqué ça sur une version fantasmée et métalleuse de tradition... viking. J'ai lu il y a quelques jours un commentaire qui parlait d'un massacre perpétré par des Bouddhistes, et s'il y a une religion non-violente... Non, c'est le rat en nous.

Dans leur avidité à vouloir toujours plus, les puissances de l'argent ont touché à des équilibres qui valaient ce qu'ils valaient, mais qui avaient le mérite d'être mis en place par les populations locales, ici, ailleurs. À partir de cette confrontation, il n'y a plus eu de guerres « à armes égales », pour ainsi dire, mais des populations moins outillées soumises de force, par une technologie plus développée et par une force de frappe financière.

Une fois qu'on a abattu les structures d'une société, il ne reste plus que la répression pour contenir le désordre. Les armes. Or les dominants, qui ne se posent jamais beaucoup de questions, auraient dû penser que quand on n'a plus que la protection des armes, on a un sérieux problème : le mec en face peut s'en procurer aussi. Le plus souvent, c'est vous qui les lui avez vendues.

Dans un premier temps, on fera beaucoup commerce des armes. Dans un second temps, est-ce qu'on aura l'intelligence de relâcher la pression, ici, ailleurs ? De couper l'approvisionnement en munitions, par exemple, et de laisser une modeste abondance, un minimum de paix s'installer, le temps que la loi puisse se reconstruire ?

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