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Billet de blog 18 mars 2013

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La grève des urnes, alors ? (ou un gouvernement à l'essai)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La grève des urnes, alors ?

Un moyen de se faire entendre, tout de même ?

Je ne parle pas d'abstention, la simple abstention n'est pas lisible, on ne sait pas si l'électeur

a) ne s'est pas levé,

b) est parti à la pêche

c) vomit intégralement toute la brochette des candidats qu'on lui propose.

On pourrait faire la grève des urnes, par exemple aux municipales à venir, en exigeant déjà que le bulletin blanc soit comptabilisé.

Le bulletin blanc dit clairement : je suis venu(e), j'ai vu, j'ai vomu, pardon, en langage plus châtié : je me suis déplacé(e) mais aucun des candidats qu'on me propose ne correspondent à mes attentes.

De quoi paralyser la République, ou tout au moins obliger ceux qui en prennent si à leur aise avec nos destins à en faire un peu plus pour nous convaincre. Actuellement, les élections ne sont qu'une formalité, les promesses n'engagent que ceux qui y croient...

Hmm...

Disons qu'ils soigneent encore mieux leurs promesses, et on finit par en élire un pour de vrai... Mais ensuite ?

Hmm...

Si on les prenait à l'essai ?

Non, sérieusement, c'est la règle dans tous les jobs salariés, et le gouvernement est bien constitué de salariés, de NOS salariés, tiens, c'est quand même nous qu'on les paie ?

Alors s'ils font pas bien la poussière, s'ils promettent et ne tiennent pas, s'ils orientent la nation systématiquement sur le chemin qui va nous faire le plus de mal à nous, leurs employeurs... on les convoque un lundi matin et on leur dit, l'oeil grave et le sourcil sérieux :

« Désolé, cher Monsieur, cher Madame, vous n'avez pas donné satisfaction. Vous n'avez pas les bons réflexes, vous n'écoutez pas les instructions, vous n'avez pas une vue d'ensemble, pas le sens des priorités... Sincèrement, changez de métier ! Faites une formation ! Je vous souhaite de trouver votre voie ! »

Une période d'essai, allez, au hasard, de dix mois ?

En dix mois, on a très largement de voir comment se comporte la bête. Si elle a du souffle, de la suite dans les idées, un projet d'ensemble. C'est suffisamment de temps pour donner des orientations, arracher des victoires, faire bouger les choses dans le bon sens. Un employé consciencieux, conscient de la gravité de l'époque, serait d'emblée dans les starting-blocks, il arriverait les mains pleines de projets de loi déjà rédigés...

Non, en fait, six mois, ce serait largement suffisant.

S'ils avaient une obligation de résultat au lieu d'un chèque en blanc sur cinq ans, s'ils étaient notés au fur et à mesure, s'ils savaient qu'on peut les virer à tout instant... On verrait peut-être la naissance d'un véritable gouvernement représentant le peuple.

Bon, bien sûr, ce n'est pas si simple. Il faut là-haut des gens qui ont de véritables opinions (je ris !) et qui ne suivent pas non plus aveuglément la voix du peuple. La voix du peuple, elle peut parfaitement être pour le rétablissement de la peine de mort, par exemple, il suffirait d'un fait divers particulièrement immonde. Mais tout de même, qu'un président, un Premier ministre et un peloton de ministres aient des comptes à rendre, qu'ils ne puissent s'égarer de façon aussi éhontée du programme sur lequel on les a engagés, se mettre au service des dépeceurs...

Comment ?

Oh, pardon...

Pardon, ça s'appelle un Parlement.

Oui, évidemment.

Retour à la case départ.

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