Juliette BOUCHERY

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Billet de blog 20 février 2017

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Monsieur Hamon, que voulez-vous vraiment ?

Monsieur Hamon, de grâce, renoncez tout de suite ; si vous êtes sincère, vous vous ferez avoir, si vous ne l'êtes pas suffisamment, ce sera nous.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je cherche réellement à comprendre, vous disposez d'un capital de sympathie, vous tenez un discours de gauche, vous êtes candidat à la présidentielle… présenté par un parti qui adhère pleinement et de tout son coeur au néo-libéralisme.

Vous vous disiez « frondeur » mais vous avez été un frondeur très prudent car vous n'avez jamais fait obstacle aux décisions les plus droitières de votre gouvernement.

Vous êtes le candidat de ceux qui n'arrivent pas à renoncer au parti qui était traditionnellement le leur, ceux qui veulent changer les choses mais surtout ne pas trop prendre de risques. Vous êtes le candidat de ceux qui veulent qu'on leur parle doucement.

Dites-moi comment on peut changer un système aussi enkysté sans balayer l'échiquier pour poser de nouvelles règles ? A moins que vous ne pensiez qu'il n'y a rien à changer ?

Vous voulez quoi, en fait ? « Être président », comme M. Hollande ? Sans avoir rien à proposer que le statu quo mortifère ? Ou même, juste « être candidat » ? Vu l'état actuel du pays, c'est un peu léger. Nous ne sommes plus dans les années 70, les politiciens ne peuvent plus jouer tranquillement aux chaises musicales, aux petits arrangements du pouvoir ou aux postes bien pépères. Le compte à rebours a commencé, tous les repères bougent, tous les piliers de l'ordre mondial se fissurent, des pays de plus en plus nombreux sont à feu et à sang.

Monsieur Hamon, vous savez bien que vous ne serez pas élu. Pas en tant que porteur de vos premières déclarations en tout cas. Vous le savez sûrement puisque vous avez déjà commencé à délayer votre propos. Vous n'abrogerez pas la loi El Khomri, non, il suffit de l'amender un peu. Ce ne sera pas tout à fait un revenu exactement de base…

Monsieur Hamon, votre parti voulait Valls et là, tout aurait été beaucoup plus clair. Les militants vous ont choisi, vous, mais ce ne sont pas les militants qui pèsent le plus dans cette France des partis. Au point où nous en sommes, vous ne pouvez faire campagne qu'en affirmant des idées généreuses que ne supporteront pas votre parti (qui vous rappelle déjà à l'ordre, voir la remarquable lettre de Myriam El Khomri publiée sur le blog Changement de focale (https://blogs.mediapart.fr/mgarand/blog/070217/lettre-ouverte-madame-el-khomri), et vous ne pourrez exercer le pouvoir qu'en devenant un Valls bis, un Macron bis. C'est inconciliable ! Vous n'avez tout simplement pas les moyens de changer les orientations de la France. Vous l'avez bien expérimenté en tant que... « frondeur » !

Ce que vous préparez, en fait, c'est Hollande le retour, la deuxième trahison qui effacera définitivement votre parti de la carte. Personnellement, je ne le regretterai pas, je dirai même que je trouve ahurissant que tant de gens semblent encore prêts à voter pour lui.

Si vous avez l'intégrité que vous revendiquez, prenez un peu de hauteur de vue. Que pouvez-vous apporter, concrètement ? Non, oubliez les promesses de rigueur, que ferez-vous dans la réalité de cette Europe intransigeante, face à un Parlement qui comptera tous les acteurs clef de ce quinquennat que vous n'avez pas osé renier ?

Ne cherchez pas à vous faire plaisir, ce quinquennat serait un enfer pour vous comme pour nous. Monsieur Hamon, de grâce, renoncez tout de suite ; si vous êtes sincère, vous vous ferez avoir, si vous ne l'êtes pas suffisamment, ce sera nous.

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