Je trouve ce qui s'est passé à Chypre très intéressant. Je vous parle de la décision d'origine. Nous en sommes maintenant au stade des aménagements, les Russes disent que, le parlement refuse, la rue applaudit, Bruxelles explique... Mais si on en revient à la décision d'origine, elle est d'une simplicité limpide.
Depuis des décennies, les États et l'Europe considèrent normal de puiser dans la poche des contribuables pour remplir les gouffres creusées dans la trésorerie des banques par leurs spéculations, mauvaise gestion, et envie toute simple de se remplir les fouilles.
Et le contribuable, c'est qui ? C'est le déposant. Dans ce monde où la population n'existe plus que pour servir les banques, un citoyen, c'est un être doté d'un compte en banque. Sous sa casquette de contribuable, il avait déjà été mis à contribution. Jusque-là, l'État jouait les intermédiaires, il engrangeait et reversait aux banquiers.
Les gens qui ont pris la décision de faire les poches des Chypriotes ne cessent, de traité en traité, de grignoter les prérogatives des États. Cette fois, ils se sont tout simplement passés des services du gouvernement pour aller à l'essentiel. Ils ont trouvé ça normal. Je parie que la réaction soulevée par leur geste les a surpris ; eux, ils étaient dans une logique linéaire, sur leur ligne habituelle.
On dit maintenant que c'est inouï, que l'Allemagne-pousse-à-des-décisions-propres-à-disloquer-l'Europe-par-pur-calcul-électoraliste, que ceci et beaucoup d'autres choses, mais il me semble que ça n'a rien de foncièrement nouveau. C'est dans la logique de ce qui se passe depuis les origines du néo-libéralisme. En sautant simplement une étape. En ergonomisant.
Alors ça choque ? Excellent ! Seulement, le procédé était choquant depuis le début.