Au bout d’un parcours éprouvant, Macron touche enfin au but. Par une stratégie inouïe, il a fait ce que personne avant lui n'avait su faire : unir toutes les forces vives du pays dans un nouveau projet de société. Cette tâche, il y a voué sa vie.
Longuement, patiemment, il a noyauté le réseau de l’intérieur.
Déjà, la banque. On aurait déjà pu se douter, à ce stade, de l’imposture : il n’était pas un très bon banquier. En repartant, il n’avait paraît-il que deux millions en poche.
Et puis, rencontrer les bonnes personnes, les séduire, se faire adouber.
Cultiver ce personnage de petite tête à claques, si terriblement sûr de lui. Un peu surjoué, soit, avec ces inflexions un peu ampoulées, ce côté pompeux, ce léger manque de naturel… mais face à un tel dévouement, on ne demande pas en plus qu’il décroche un César.
Ministre de l’économie, une petite trahison et enfin, enfin, Président !
Comme le parcours a été long ! Quels trésors de stratégie il a déployés pour aligner provocation sur provocation. Des choix, des politiques, des réformes chaque fois plus odieuses que les précédentes.
Et nous ne réagissions pas. Ou en tout cas pas assez.
Comme il nous a souhaité plus dignes, plus forts, plus militants enfin !
Les Gilets jaunes, un immense espoir. Enfin, des gens prêts à tout risquer ! Mais non, le pays ne les a pas soutenus. Comme il a dû pleurer à chaque mutilation, en mordant son oreiller pour ne pas que ses sanglots filtrent hors de sa chambre ! Seul, si seul à porter le flambeau.
Blessé d’être si incompris, ils nous a tout de même donné quelques indices. Le titre de son livre, Révolution ! Et puis cet entretien pyromane, kamikaze, cette façon décontractée, désinvolte, alors que le pays brûle, d’annoncer encore de nouvelles réformes pour nous pourrir la vie.
Ça commençait à se voir, non ? C’est tout de même un peu gros ?
Il s’est attaqué à chaque secteur de la population, les actifs, les chômeurs, les jeunes, les femmes. L'hôpital, l'école, tous les services publics. Avec pour bien cimenter notre colère, une répression d'une violence inouïe. Tous, un à un, il nous a insupportés. Pour arriver enfin au texte qui devait toucher tout le monde.
Les retraites !
Et en parallèle, en creux, une inaction ostentatoire, triomphante, sur le climat.
Coup double !
Et ça y est, la France est debout, unanime. Contre lui bien sûr, mais le sacrifice était à la hauteur de l’enjeu.
Ce sacrifice, à nous d’en être digne.
À nous de renvoyer Lorenzaccio chez lui, éreinté mais assouvi.