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Billet de blog 1 octobre 2016

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Attraper les mouches

Leur présidentielle sera donc un combat de coqs. La virilité cocardière comme unique boniment pour attirer avec du vinaigre les mouches votantes qui ne veulent plus croire au miel.

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Illustration 1
© Giacomo Patri (1938)

Leur présidentielle sera donc un combat de coqs. La virilité cocardière comme unique boniment pour attirer avec du vinaigre les mouches votantes qui ne veulent plus croire au miel. Finies les promesses de progrès et de vie plus douce, plus de perspective sur le bonheur qui viendra sûrement avec le changement de bobine du locataire de l'Élysée : les candidats à la candidature promettent la shlague et les potions amères, la brimade pour tous. Il paraît que les Français aiment ça. Voter pour ceux qui ne se cachent plus de vouloir les mettre au pas cadencé. La tendance médiatique est au couillu, à l'exhibition musculaire, aux talons qui claquent et aux chaussettes à clous. Les trompettes guerrières sonnent le rassemblement général derrière le chef, fût-il un escroc patenté, un carriériste apparatchik de quelque parti, un caudillo de plateau télé, un mafieux. Le masculin dans tout ce qu'il a de plus caricatural, de plus bête, de plus propre à conduire le monde à son ultime catastrophe. Le masculinisme obligatoire, mimétique, pour les quelques femmes qu'ils laissent jouer des pinces dans le panier de crabes.

Monsieur Muscles mouille la chemise et le costard pour construire la réalité sur le mode belliciste : l'injonction guerrière est partout, elle travaille le pays au corps pour s'insérer dans toutes les cervelles. Guerre économique, guerre contre les terroristes là-bas comme ici, guerre contre toute cible que les hérauts de la propagande auront désignée à la vindicte populassière : les musulmanes, les Roms, les réfugiés, les anarchistes, les « islamo-gauchistes », les travailleurs pas assez tricolores, le ventre des femmes. La liste est longue des ennemis du redressement de la France : ce sont les plus démunis, les privés de pouvoir, les sans dents pour mordre la main invisible qui leur maintien la tête sous l'eau et une poignée d'intellos traités de collabos parce qu'ils refusent de suivre la meute. Alors tous en rang, le petit doigt sur la couture du pantalon républicain cousu de fil blanc racisto-nationaliste : de gauche à droite et de droite à gauche, ils ne veulent voir qu'une tête et surtout pas pensante.

Pendant les fanfaronnades, les sales affaires continuent. La corruption gouverne le monde et la machine à décerveler tourne à plein régime. Les très riches s'enrichissent encore, ils occupent tout l'espace en se foutant des lois. Les pauvres sont toujours plus nombreux mais il n'y a pas de place pour eux, ni de travail ni de toit. Pour les pauvres, il n'y a rien sinon la dureté de la loi des riches. Et tandis que le ciel tombe sur la tête des gaulois, les français attendent le retour du fascisme, portes ouvertes.  

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