Agrandissement : Illustration 1
Et le coq catholique, engraissé de prébendes, de gras profits privés et de grattes diverses piochées dans les poches des institutions, fit un dernier couac avant de rendre gorge. Déjà ses frères abatteurs ont tiré leurs couteaux à dépecer les rogatons de l'illusion démocratique, dans l'espoir de récupérer la meilleure part du festin maudit et de se goinfrer à la place du chef déchu. La course à l’échalote présidentielle sera un concours de culs propres et de blanche probité auquel nul candide électeur ne peut plus croire. On sait maintenant que sur chacun des prétendants au trône républicain, il y a un dossier chaud bouillant qui attend son heure de publicité. Ainsi, en guise de représentant du peuple, il n'y aurait que chefs de clans corrompus, boulimiques du pouvoir de faire grossir le patrimoine familial sur le dos du bien commun, arrivistes rêvant châteaux et portefeuilles débordant de biftons volés au trésor public. Le spectre est large, à droite surtout mais à gauche aussi, des politiciens attrapés les doigts poisseux de confiture. C'est ce qui arrive, sans doute, quand les belles carrières politiques se construisent des culottes courtes au grand âge, pour échapper aux boulots suants auxquels est condamnée la plèbe et aux petits salaires.
Face à cette micro société verrouillée de professionnels de l'élection et de cumulards des charges privées et publiques : la peur. La population, ouvrant démocratiquement sa gueule multipliée pour dénoncer les abus et les trafics locaux dont elle est quotidiennement témoin, pourrait constituer un solide contre-pouvoir. Mais trop souvent elle se tait, tant une grande part dépend pour sa survie du bon vouloir d'édiles susceptibles et chatouilleux. Quand critiquer le maire d'une grande ville, la communauté de communes ou le député sera inévitablement sanctionné par le non-renouvellement d'un contrat ou d'une mission, par la suppression de subventions vitales pour l'association, par la ruine d'un réseau de relations influentes patiemment construit ou par le harcèlement policier, qui peut se payer le luxe de la mise en cause ouverte et assumée ? On voit aujourd'hui comment la publication officielle des parrainages est une chape de plomb vissée sur la liberté des petits élus à donner leur signature pour tel ou tel postulant candidat à la présidentielle. Certes, on accorde encore à la population le droit de ronchonner, mais pas trop fort. Et quand les protestataires se servent des scrutins secrets, pour le meilleur quelquefois mais souvent pour le pire, les manœuvres commencent dès la proclamation des résultats pour foutre en l'air le verdict des urnes.
Qui peut encore vouloir participer, même en se bouchant le nez, à la farce électorale ? Qui peut croire sérieusement qu'un Monsieur ou une Madame Propre va se charger de la grande lessive, sans que l'eau boueuse ne déborde du baquet, emportant dans la vidange tout et son contraire ? Comment penser encore que la population a son mot à dire dans le choix du jeune banquier ou de la vielle politicarde qui la gouvernera pendant les cinq prochaines longues années ?
On arrête tout ?