Quand le frigo social est givré, quand il ne reste plus des grands mouvements d'hier que quelques rogatons qui se dessèchent au fond du bac, quand le fromage patronal, trop gras et trop fort, empeste les pâtes molles de la pitance salariale, quand la rancoeur à l'estomac coupe l'appétit des grands soirs, alors on secoue la nappe pour faire tomber les miettes des luttes passées et l'on s'attable au piètre festin de l'antitaxe, à la méchante bouffe de Quimper. Le jifoutou breton, c'est la recette hétéroclite, c'est la tambouille charivarique, c'est le ragout de noces de la carpe et du lapin, avec beaucoup de foutage de gueule dedans.
Faire revenir à feux mordant, les ouvriers délaissés des usines qui licencient, bien rôtir sous les bannières les petits cochons de lait. Singer la révolution en couvrant de larges trognes d'entrepreneurs par de gros bonnets rouges et saupoudrer le carnaval de farines historiques aux saveurs de jacqueries révolues. Mouiller à la rage de la Bretagne aux Bretons les brimborions égarés de la gauche anti-capital. Assaisonner largement d'épice médiatique, puis faire mijoter sur le gaz des pertes d'emploi la marmite explosive des subventions. Fignoler la présentation: drapeaux d'ici, roues de tracteurs et têtes de choux. Le jifoutou breton, ça vous laisse un petit arrière goût d'arnaque, c'est un peu lourd à digérer. On préfère le kouign amann.