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Quelle aubaine ! Assommé par la violence assassine des attentats, le bon peuple, groggy, apeuré, ouvre grand la bouche et avale tout. Jouissance absolue des marchands de soupe sécuritaire. L’État policier et ses alliés capitalistes connaissent l'extase quand l'acceptabilité sociale est à son maximum. Acceptabilité sociale ? C'est la mesure de l'apathie des braves gens face à des mesures qui restreignent leurs droits et leurs libertés. Jusqu'où nos gardes-chiourmes publics et privés, peuvent-ils aller avant que la population moutonnière ne se mette à bêler un peu trop fort. Aujourd'hui : très loin.
2015, avec sa grandiose loi sur le renseignement et la surveillance de masse des communications numériques, n'avait pas été un mauvais cru. Mais 2016 promet d'être une grande année de la généralisation du flicage pour raison de sécurité. Déchéance de nationalité, état d'urgence permanent, assignations à résidence des contestataires, installation dans les gares de caméras de surveillance pour le repérage de comportements suspects, fouille des bagages, fraîches livraisons de cognes formés vite fait à l'anti-émeute, interdiction des manifestations (à l'exclusion des joyeuses démonstrations d'enthousiasme nationalisto-raciste). En France, on n'a toujours pas de pétrole mais on n'arrête plus l'imagination en matière de nouvelles technologies de contrôle ni d'invention de lois répressives. On aime la liberté, surtout quand elle est bien encadrée.
C'est que le troupeau n'est pas seulement amorphe, vaincu, résigné, attendant tête basse on ne sait quel bourreau puisque c'est comme ça et qu'on ne peut pas faire autrement. Non. L'opinion publique acquiesce, elle est plus que d'accord, elle en veut encore plus, elle répond d'une seule voix ou presque « favorable » ou « très favorable » aux sondeurs qui viennent jusque dans nos bras jauger le niveau de l'acceptabilité sociale. Les braves gens qui votent n'ont rien à cacher, rien à se reprocher : c'est pas eux qui vont déchoir, ou se prendre un coup de taser ou être obligatoirement cloîtrés à la maison quitte à perdre leur boulot. Les braves gens ne sont pas paranos. Toutes ces lois de fermeté flicaillère sont destinés aux méchants, suivez mon regard, ces ennemis de l'intérieur qui ne seront jamais vraiment comme nous. Les gentils français, bien protégés, peuvent dormir tranquilles. Chuuuuut...
Chéri, tu as mis le réveil?