Oui, il est temps que tombe l'ordre ancien.
Le pouvoir gangrené par la corruption, trusté par une poignée de semblables sans plus aucun lien avec les populations sinon une mascarade de scrutins prétendument démocratiques dont les bénéficiaires professionnels changent les règles à leur convenance pour s'assurer leur réélection.
Les grands patrons qui licencient en masse pour faire monter les actions en bourse et doublent leur salaire, se servent à la louche des "indemnités", quand les chômeurs toujours suspectés de tricher se voient supprimer arbitrairement le versement de leurs modestes allocations. Le pouvoir complice les appelle forces vives de la nation, et sacrifie à l'avidité des actionnaires le code du travail et les services publics. Bon appétit, messieurs.
Les petits patrons profitant du chômage endémique pour exploiter insolemment des travailleurs pauvres et désarmés qui n'entrevoient même plus la possibilité de se défendre et courbent le dos sous la menace. Les boulots à la con pour faire tourner cette société du vide et de l'humiliation. La surproduction d'objets inutiles polluant la planète. La spéculation sur les denrées de première nécessité privant une grande partie de l'humanité de ses moyens de subsistance.
L'état guerrier qui vend d'une main les armes, sème les bombes, et offre de l'autre quelques pansements humanitaires. L'état policier toujours plus violent contre les populations qu'il prétend protéger. Et qui cogne, jeunes ou vieux réunis dans l'indifférence des coups de matraque.
L'académisme bourgeois des avants-gardes mort-nées financé par les banques et les marchands de produits de luxe. L'art sépulcral et cliquant que les consommateurs sont priés d'admirer puisqu'il se vend en dollars et en millions sur le marché international des fausses valeurs.
L'expression populaire infantilisée, à laquelle les édiles daignent parfois tendre un micro en sourdine, sur convocation au jour et lieu dit. Chouine, camarade, ça soulage.
La révolte aussitôt tournée en spectacle avec têtes d'affiches pour nourrir les médias affamés d'anecdotes et de vedettariat. Le dérisoire pour tout sujet de controverse, jeté en pâture au public auquel sont confisqués les vrais débats.
Et voilà que commencent les choses sérieuses, les premiers roulements de tambour de la pitrerie présidentielle. Et revoilà les sermons : il faut éviter le pire ! Comme si le pire n'était pas déjà là, dans l'inhumain traitement des travailleurs, dans le honteux marchandage de la souffrance des migrants, dans la misère qui grandit, dans le racisme et le sexisme à nouveau légitimités. Et voilà que l'on nous rechante la complainte du votutile contre le fascisme qui vient. Et voilà qu'on nous refait le coup de l'homme providentiel et du grand chambardement par les urnes. Mais cette fois il faudra taper beaucoup plus fort, pour faire entrer dans les crânes endurcis par l'éternelle duperie la résignation à une nouvelle défaite.