Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.
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Ils ne s'arrêtent pas sur la rocade. Ils sont là pour rouler, pour rouler sur la rocade, alors pourquoi s'arrêter ? Ce nom de rocade roule sans cesse dans ma tête, ce nom qui n'est qu'un mot pour moi qui ne connais pas la rocade où roulent sans s'arrêter des automobilistes très pressés. J'y entends rocher, j'y entends toquade, j'y entends Rocard le mort honorable et toute la misère du monde qu'on ne peut accueillir. Ce n'est peut-être pas juste, cet écho du nom du ministre défunt qui cogne sur l'asphalte sanglant de la rocade, se dressant comme un mur. Mais le destin médiatique se scelle d'un mot malheureux. Les miséreux ne roulent pas sur la rocade d'accès au port et au tunnel sous la Manche. Ils marchent au bord de la rocade où filent les automobilistes très pressés et les camionneurs. Les miséreux tentent de se glisser, furtifs, partout, dans les camions qui roulent sur la rocade, jusque sur les essieux des camions qui roulent vers le port, vers le tunnel, vers l'Angleterre. Ils viennent de loin : ces miséreux sont des exilés. Les rescapés d'un très long voyage depuis leur terre lointaine, meurtrie, jusqu'à l'Angleterre, un très long voyage qui se termine vingt-cinq kilomètres avant l'île tant désirée. Le voyage des exilés s'achève sur la rocade portuaire de Calais. Les miséreux meurent au bord de la rocade, renversés par des conducteurs qui ne s'arrêtent pas.
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