Les hommes avecque zun grand hache, sont odieux. Chaque jour, sous le soleil indifférent ou la pluie insensible, des cœurs purs saignent, des âmes immaculées sont foulées sous les pas sans pitié des ingrats. Quoi ! On se démène, on s'échine, on s'arrache sang et eau pour la grandeur de la France mais l'on ne recevrait pour tout salaire que semelles au bas des reins et tartes à la crème ?
L'un s'est dévoué sans répit au service de l'état : jamais il ne recula devant le terrible labeur des cabinets ministériels, il renifla sans broncher l'air vicié du sinistère de la police, le dos courbé sous la charge républicaine du cirage de pompes présidentielles. Et les juges cruels osent reprocher à cet homme intégre d'avoir touché quelques misérables picaillons roulés par hasard du trésor public jusque dans sa poche ! Et les magistrats inhumains lui feraient subir l'injuste opprobre d'une condamnation avec sursis pour détournement de fonds ? C'est moche.
L'autre, travailleur acharné des licenciements de masse, tenace besogneux des plans de sauvetage des profits par l'abattage de milliers de koudutravails dévoreurs de marges à empocher, chevalier à la casaque aussi blanche que sa conscience, se voit dénudé, la chemise en lambeaux sous les griffes acérées des futurs chômeurs, tous ses bourrelets exposés aux regards avides des téléspectateurs du vingt heures ! C'est très moche.
La troisième, racoleuse opiniâtre des électeurs du fn, virago infatigable et de race aussi pâle que plat est son QI, combattante pugnace du saint esprit de beaufitude, renvoyée de sa liste de fachos du grand est comme une malpropre pour avoir tenu des propos de vérité si je mens afin de gagner des électeurs qui n'ont jamais les mains sales pourvu qu'ils votent réac comme tous les braves gens ! C'est très très moche.
Devant tant d'insupportable ingratitude, il ne reste à nos glorieux suppliciés qu'une seule voie de salut : la retraite. Les hommes avecque zun grand hache, ne les méritent pas.