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Et dans tout le pays souffla le vent frais du soulagement. C'est qu'on l'avait échappé belle ! Les fascistes étaient aux portes ! Mais le monstre bleu marine aux reflets bruns recula devant le bras rédempteur de l'électeur républicain. Et les élus vainqueurs de louer bien fort le sursaut citoyen des votants qui, sans trembler, avaient glissé leur bulletin dans l'urne, offrant aux Français l'happy end d'un suspens électoral des plus angoissants.
Qu'importe si les deux tiers de la population avait, comme un seul homme, confié leur région à la droite dure tirant sur le bleu marine et la manif pour tous. Qu'importe si le nombre de voix apportées au fn avait encore grimpé. Qu'importe si le germe aux reflets bruns, infestant les esprits, avait contaminé la quasi totalité des partis politiques et jusqu'au gouvernement. La face de la République était sauvée.
Chacun, satisfait, retourna à ses petites affaires : le chômeur à sa recherche d'emploi, le pauvre à son absence de sous, l'employé à sa peur du chômage, tous à leur télé et à leur frousse de l'étranger. En coulisses, les politiques et les médias préparaient déjà l'affiche du prochain spectacle de la grande terreur bleue marine à reflets bruns : l'élection présidentielle.