
Agrandissement : Illustration 1

Pisser sur le mouvement social pour tenter d'en éteindre les flammes et faire d'un syndicarpette l'héroïque sauveteur de la réforme afin que de la juste révolte, étouffée sous la semelle des mocassins, ne subsiste que des cendres vite refroidies : telle est la stratégie du gouvernement et de ses alliés. La CFDT claironne sa victoire, le MEDEF surjoue la déception, le Figaro clame le honteux recul des lâches et Libé ronronne. Les petites affaires de ces messieurs-dames tournent rond : la destruction du code du travail peut continuer sous l'arbitrage d'un premier ministre dont on s'émerveille qu'il ait un instant pu refréner son tropisme autoritaire pour s'ouvrir, comme une fleur de printemps, au dialogue.
Que les travailleurs se rassurent : ils sont toujours pris pour des gogos et, non, selon le gouvernement « socialiste », ils ne valent pas mieux que ça. La limitation de la durée du travail à trente-cinq heures est maintenue : une joie pour ceux et celles qui enchaînent les semaines de plus quarante heures sans qu'aucune heure supplémentaire, majorée ou pas, ne leur soit jamais payée. Le forfait-jour ne sera imposé qu'après la médiation d'un salarié mandaté par un syndicat qui n'irrite pas trop la couenne du patron : ça, c'est de la négociation. Quant aux salariés sans diplôme, ils auront la chance de pouvoir enfin se former à un vrai bon métier en une semaine, enfin si on trouve les sous parce que ça coûte bonbon toutes ces belles avancées sociales alors faudra pas être trop pressés pour la mise en route.
Voilà. Rentrez chez vous les d'jeunes qui craignez pour votre avenir, retournez au chaud dans vos lycées et vos universités, reprenez sagement le chemin de la soumission, du stage non rémunéré et de pôle emploi, la CFDT veille sur votre futur bien flexible et vos licenciements multiples au gré du patronat mondialisé. Et dire que certains extrémistes appellent encore à la grève avec toute cette protection qui chouchoute le salarié aux petits oignons ! Terroristes !