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Billet de blog 16 décembre 2015

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Salaires !

Pour une poignée de cacahuètes...

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Illustration 1
Salaires

« Je n'aime pas payer des salaires. Je paie aussi peu que possible », tel est l'argument massue que sortit le moderne et délicat Drahi pour obtenir des banquiers de nouveaux crédits creusant un peu plus profond une dette déjà abyssale. Rémunérer les salariés, ça fait très vingtième siècle, c'est archaïque. Le patron moderne ne paie pas. D'ailleurs, remarque-t-on dans les milieux où l'allergie aux salaires des autres est proportionnel à l'appétit pour les profits de l'un, virer une partie du personnel et baisser les rémunérations des rares survivants à la chasse au coût du travail est bon pour la compétitivité : la boîte tourne quand même, et pour moins cher.

C'est que le salarié est d'une étoffe dont on fait les zéros des milliards. Lessivage, rinçage, essorage : ça résiste un temps puis quand ça s'use et ça craque, on jette et on en prend un autre. Et tout ça sans trop de protestations car la vie est dure, ma bonne dame, on n'a pas le choix. De plus, grâce à la grosse baisse de son salaire, le salarié-consommateur paiera peut-être un peu moins cher son abonnement à SFR. De quoi se plaindrait-il ?

Certes, on voit ici ou là des employés suffisamment pressurés pour aller se pendre dans l'open-space, mais leur suicide impoli est à mettre sur le compte de motifs d'ordre privé qui n'ont absolument rien à voir avec le management moderne. Certes on déplore malgré tout quelques petits collectifs de travailleurs, agités par ces salauds de syndicalistes manipulateurs, se mettre en grève et parfois même arracher au patron une poignée de picaillons. Heureusement, la presse achetée par Drahi et autres managers d'aujourd'hui, a la sagesse de ne pas ébruiter de tels scandaleux agissements plus que néfastes à l'édification morale de ses lecteurs.

Quant au gouvernement, loin de rappeler les patrons à leur devoir de payer correctement ceux qui, par leur travail, produisent la richesse des entreprises, il refuse de donner le moindre coup de pouce au smic : il est socialiste. Heureusement, quand Drahi, déjà troisième fortune de France, aura encore bien fait grossir son capital, il créera sans doute une belle fondation philanthropique. Le monde saura enfin que ce suppôt du capitalisme moderne cache un grand humaniste !

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