Malheur aux perdants, aux battus à peine partis, aux éclopés et aux rêveurs, malheur aux têtus et à tout ceux qui refusent de participer à cette course sordide et truquée qu'on nous donne pour existence, à tout ceux qui en sont exclus. Sont-ils encore humains, ces losers du libéralisme triomphant ? Pas pour longtemps.
Des travailleurs de moins en moins protégés par un code du travail qui s'effeuille, des sans papiers privés aussi de réduction pour leur carte de transport, des chômeurs humiliés qui peuvent bien marcher jusqu'au lointain pôle emploi puisqu'ils n'ont que ça à faire, des allocataires du RSA qui devront travailler gratuitement en échange de leur maigres indemnités, des réfugiés de guerre dont on ne veut pas, brutalement refoulés aux frontières, des tsiganes dont on détruit pour leur bien les fragiles abris, qu'on chasse des rues, des enfants en situation de grande pauvreté, des bébés sans toit, sans lait, des femmes et des hommes dépouillés de toutes ressources. Et privés de voix.
Le libéralisme, non content de fonder ses profits et sa gloire sur l'exploitation et la souffrance d'autrui, distille la haine contre ses victimes. La déshumanisation de ceux et celles qu'il spolie de tout, jusqu'à leur vie-même, est un processus dont on connaît l'issue. Nous savons où il nous entraîne : vers les bûchers, le pogrom, le camp de concentration, la solution finale et toutes les nouvelles variantes bien plus "humaines" et dont on n'a pas encore le nom de la destruction des prétendus sous-hommes par l'action volontaire de ceux qui se pensent supérieurs, parce qu'ils sont les gagnants de l'infâme compétition et qu'ils sont convaincus qu'ils le méritent.