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Billet de blog 18 août 2016

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Montreuil. Familles Roms expulsées ou de la dégueulasserie en politique

Depuis plus de vingt jours et vingt nuits, des enfants vivent dans la rue, chassés et pourchassés par la police aux ordres, ne sachant jamais le matin où ils dormiront le soir. C'est la vie? Non, c'est la politique!

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Illustration 1
Maman et enfant Rom - Montreuil août 2016 © Gilles Walusinski

Il y a maintenant trois semaines que les familles Roms expulsées du 250 boulevard de la Boissière ont été jetées hors de leurs habitations et mises à la rue sur demande de la mairie. Sans solution de relogement pour les quarante personnes dont dix-neuf enfants qui sont nés et grandissent à Montreuil. Un opportun arrêté de péril a permis l'expulsion des habitants de bâtiments pas si en péril que cela mais bien gênants pour la réalisation de l'écoquartier prévu à cet endroit, jolie opération immobilière à destination du public bourgeois que la mairie gauche-plurielle et son maire communiste souhaitent attirer. On annonce le prochain démantèlement d'un deuxième campement de Roms installé dans le même vaste quartier et malgré le diagnostic social en cours, on sait qu'il y aura de nouvelles familles à la rue.

Depuis plus de vingt jours et vingt nuits, des enfants vivent dans la rue, chassés et pourchassés par la police aux ordres, ne sachant jamais le matin où ils dormiront le soir. Ces enfants et leurs parents sont en danger, car vivre dehors est dangereux : il y a les aléas de la météo, il y a le manque de soins et d'hygiène, il y a aussi les agressions, le racisme quotidien. À Marseille, un squat occupé par des Roms a été attaqué avant-hier à coups de cocktails Molotov, l'un des blessés est un Rom de Montreuil qui, angoissé de se retrouver sans logement avec sa jeune femme enceinte, était parti se réfugier chez des amis. Peur aussi, pour ces citoyens européens pas tout à fait comme les autres, de se voir conduits en centre de rétention puis expulsés d'un pays où ils vivent et travaillent depuis plusieurs années.

Constatant l'inaction des politiques face à ce drame humain, constatant leur absence totale de volonté de résoudre le problème du relogement de ces familles depuis trois semaine à la rue, il m'apparaît clairement aujourd'hui que les enfants expulsés de la Boissière sont les otages de querelles politiciennes de bas étage, de règlements de comptes entre clans politiques qui se sont déchirés pendant les élections municipales. Ces femmes, ces hommes et ces enfants qui souffrent de ne plus avoir de toit, sont instrumentalisés dans un rapport tendu avec la préfecture de région. Ils sont les victimes de la politique gouvernementale de Valls et Caseneuve qui ne veulent plus de Roms en France. Les Roms de la Boissière ne sont pas considérés comme des êtres humains, ils n'existent pas : ce ne sont que des pions dans un sale jeu politique.

Dans ce concert d'hypocrisie, où chacun donne de la voix pour accuser l'autre de ne pas prendre ses responsabilités, nul n'entend ceux qui défendent les droits de l'enfant et qui réclament une assistance urgente pour des personnes en danger. Du haut en bas de l'échelle politique : la dégueulasserie s'habille d'un nationalisme de moins en moins voilé.

Illustration 2
Roms errants dans Montreuil - Août 2016 © Gilles Walusinski

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