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Lever l’instituée suffocation de la vie. Soulever la pesanteur du couvercle en brisant les idoles. Accabler les multinationales. Elles s’abattront sur la face de celleux qu’elles écrasent déjà. On le sait et ça nous paralyse, ce cauchemar de notre sang abreuvant encore les sillons des profiteurs. Les damné·es de la terre, debout ! Comment se relever sans que tout le branlant s’effondre, enfin, mais sur soi ? Au profond des mers, les humains qui n’ont pas vécu leur temps d’esclave nous somment de notre parole : que les survivant·es se dressent contre la mort usinière, carburant d’une époque viciée. Mais nos mains se ferment sur le vide et dans nos poings il n’y a rien. Qui nous hèle ? Les voix des disparu·es : cherchez prise ailleurs que dans les préjugés.
Priorité à ce qui nous lie en nous déliant des chaînes rouillées du monde industriel. Et de son avatar qui tout intoxique par le poison du fric. Le commerce faisandé en consommation n’est plus ce lien pacifié tissé entre les hommes dont rêvaient les philosophes à perruque. Le capitalisme broie. On le sait depuis quand ? Toujours, pour celleux dont il tire plus-value des tripes, sans respect pour l’enfance. Il est la guerre, et totale, et employant tous les moyens de la domination jusqu’à sa contestation dont il fait aussi son beurre. Sur les écrans, les nouvelles de l’humanité sont les aléas des bilans comptables. Sur combien d’invisibles cadavres s’évaluent les dividendes ? Ce qu’on nous vend en promo, c’est notre sueur, c’est notre chair-même : on le sait, mais on s’y rue. Capitalisme cannibale.
Qui est contenu dans ce nous par lequel, obsédé·es du moi, nous n’osons plus nous désigner ? L’autre est là, tiré hors l’oubli qui le condamne.
S’arracher au terre-à-terre où le pouvoir nous maintient. Oiselets bavards dans la volière ou menu fretin frétillant au fond d’une caudrette. Esprit de camp et querelles mesquines. Petits calculs à l’économie du souffle. Combats d’égos myopes, malades de solitude, de n’exister pour personne tant l’essentiel s’est perdu. Pendant que l’on s’écharpe sur le score, la démolition globale continue. Tout nous est dérobé. L’être, l’amour et la vue des lointains, et l’horizon.
Qui l’on sert quand on sert à ? En lieu d’être serve : être soi.
S’interroger : ce que l’on fait, ce que l’on dit, quel sens ça a ? Résister au vertige de l’abîme. Se demander quelle aube annonce ce crépuscule.
Des mots, d’accord ; mais des actes. Au-delà de la séparation. Regards qui ne s’évitent pas. Mouvements collectifs déplaçant l’air autour, et le change. Tremblement de nos corps qui respirent ensemble. Levée des opprimé·es.
Force irrésistible de nos I would prefer not to.