Assez?

Concurrence, imposture et prédation sont la triple mamelle du monstre libéralisme. Écraser l'autre pour lui passer devant. Ne rien gagner qui n'aura été arraché par la force, par la ruse, par le mensonge et le vol. Acclamer les gagnants et ridiculiser les perdants. Adorer le pouvoir pour lui-même. Détourner l'argent, le blanchir. S'approprier le travail d'autrui, en récolter les bénéfices et les honneurs. Fabriquer des vedettes à idolâtrer, épuiser leur nom en produits de consommation. Fouler au pied la loi et en réserver les rigueurs à ceux qui ne peuvent se défendre. Spolier les faibles, les humilier, les rendre honteux du peu qu'on leur laisse, les rendre coupables du chômage qu'ils subissent. Proclamer haut et fort des slogans humanistes et agir à l'inverse. Favoriser le droit du propriétaire à faire fructifier son investissement contre celui de l'humain à dormir sous un toit. Foutre les familles dehors, les abandonner sur le trottoir tandis que le voisinage s'habitue à les voir vivre sans abri avec leurs vieux et leurs enfants ; murer les bâtiments vides bien qu'habitables. Utiliser les pauvres comme une menace pour les moins pauvres. Transmuer les exploiteurs en bienfaiteurs. Faire de nos villes des dortoirs installés dans des centres commerciaux géants, où il n'y a pas de banc puisqu'il ne doit y avoir de pause dans l'acte compulsif d'achat. Interdire par l'urbanisme les rencontres de hasard et les débats improvisés au coin de la rue, éradiquer les lieux échappant au contrôle.  Faire de nos campagnes des champs de la mort, produire toujours plus de pain toxique et d'eau polluée. Organiser des pénuries de céréales là et de beurre ici, pour que grimpent les prix et s'installe la peur du manque ici et la faim partout. Transformer l'intégralité du vivant en marchandise, faire de même avec les relations humaines. Surveiller et criminaliser, punir les opposants à cette politique mortifère. Envoyer les flics avec leurs matraques, leurs gaz lacrymogènes et leurs grenades offensives contre les militants, les défenseurs de la nature, contre les migrants et les personnes solidaires, contre les travailleurs, les étudiants et les parents d'élèves. Assigner à résidence les contestataires, les traîner au tribunal, mettre en taule sans procès pendant des mois, condamner à de lourdes peines sur la preuve d'images floues et maintenir en liberté les corrompus notoires et leurs corrupteurs, innocenter les flics qui ont tué. Laisser diffuser des propos racistes, sexistes et homophobes en les nommant opinions ou humour. Faire de l'humiliation publique un spectacle de télévision qui rapporte.

Mais, pour lutter contre les violences faites aux femmes : éduquer les garçons au respect des filles. Il est possible que ça ne suffise pas.