
Pardons mielleux et larmes de crocodiles, rodomontades ou sourires grinçants, grimaces. Les masques tombent, révélant la peur des dirigeants de ce monde face aux révoltes des peuples.
La guerre des États contre les populations est déclarée, sur tous les continents. Longtemps limitée aux banlieues et aux ghettos de relégation des plus pauvres et des racisé·es, la violence policière déborde ses frontières de cantonnement. Elle éclate aujourd’hui dans les rues des grandes villes où l’on compte les blessés et même les morts. Nul ne peut plus ignorer sur quoi repose la prétendue paix chèrement vendue par le néolibéralisme mondialisé : l’écrasement du plus grand nombre, économique, symbolique, physique, au profit d’une frange de winners érigés en modèles inaccessibles, la destruction de la planète pour satisfaire l’avidité d’une classe. Les mensonges de prospérité générale et de progrès diffusés par la société industrielle pour justifier son expansion occidentale aux dépens du reste du monde se révèlent tels qu’ils sont : une fumée voilant la destruction du vivant par la marchandise morte et mortifère. L’autoritarisme fascisant que l’on aurait pu croire dépassé ressurgit au grand jour : il n’a jamais déserté le centre des États alliés aux puissances économiques. Même les apparences ne sont plus sauves : l’idéologie d’extrême droite s’exhibe à l’aise dans les propos du personnel politique comme dans les médias aussi bien que dans la police.
Les discours lénifiants sur les droits humains, la démocratie et les libertés individuelles ont toujours sonné faux dans la bouche de ceux et celles qui prétendent représenter les peuples qu’ils dirigent, ils sont reçus maintenant pour ce qu’ils sont : des provocations. Nul·le ne peut plus ignorer que les États ne font aucun cas de la vie des enfants, des femmes, des hommes. Quel gouvernement se soucie réellement de la santé de ceux et celles qui vivent dans des zones polluées, qui travaillent dans des environnements dangereux, qui subissent le chômage, la misère, les racismes ? Morts de l’exil, morts du travail, morts des pollutions diverses, morts de la pauvreté, morts de l’exclusion sociale, morts des discriminations, morts du néocolonialisme : l’État s’en fout, pire il « accompagne ». Il n’évacue pas les habitants d’une ville quand une usine de produits hautement toxiques y est en flammes, il ne dit rien des accidents nucléaires nombreux mais persiste à construire des centrales, il se dédouane de toute responsabilité lors du suicide d’une fonctionnaire sur son lieu de travail, il laisse crever dans la rue les migrants et se moque que des enfants des banlieues soient privés des moyens élémentaires de subsistance, d'accès au bien-être et à l’éducation. L’État dépossède les populations de ses biens collectifs et les brade aux intérêts privés, spolie les pauvres et les perd dans des démarches administratives aussi labyrinthiques que culpabilisantes auxquelles ils finissent par renoncer, abdiquant leurs droits aux aides sociales. Il investit dans le militaire et économise sur la santé et l’instruction. Il dénie l’existence même des contestataires en leur refusant toute possibilité d’expression de leurs revendications sous une autre forme que celle dont il a lui-même fixé les règles pour mieux les réduire à néant. Il tue toute beauté.
Les grossières stratégies gouvernementales visant à dresser une partie de la population contre une autre n’ont qu’un temps. Comme dit la chanson, you can’t fool all the people all the time. Partout, de Hong-Kong au Chili, de la France au Liban, en Afrique comme en Asie, les révolté·es montrent leur courage et leur détermination malgré les dangers pour leur vie et celle de leurs proches. Les informations circulent par-delà les censures. Mais remplacer un gouvernement par un autre ne changera pas l’État et sa violence intrinsèque. Ce n’est pas d'élu.es moins pire dont nous avons besoin dans un État qui restera quoi qu'on fasse policier et militaire. C’est de la reprise par les populations de ce qui leur appartient dans le respect des autres formes de vie et de la planète. C’est de l’autogestion, du partage et du refus du pouvoir.