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C'est le temps du printemps, douce saison des amours neuves et de la jeunesse. La météo capricieuse jette ses petits matins frisquets sur les bourgeons gorgés de promesses d'une capiteuse floraison. Toute la nature s'éveille, et les oiseaux de l'aube lancent joyeusement dans l'azur les trilles du renouveau, quand toute la ville, paisiblement, dort encore. Bientôt le soleil, revenu du long éloignement de l'hiver, caressera de ses tièdes rayons la tête des amoureux pleine de beaux projets d'avenir.
Ah, qu'il est bon d'avoir vingt ans, tandis que l’Élysée et Matignon sont aux socialistes. Et l'on songe avec horreur à ce que serait l'existence des jeunes gens aujourd'hui si les urnes, en 2012, avaient confié le pouvoir à des néolibéraux agissant sous la coupe du Medef et des multinationales. Ces salauds auraient, c'est certain, mis en pièce le droit du travail, sabordé la protection des salariés au profit des profits du patronat et d'un actionnariat vorace. Fini le CDI, fini la stabilité. Les jeunes insouciants qui batifolent sur les pelouses interdites ne se doutent pas de ce à quoi ils ont échappé : la précarité imposée en mode de survie, les semaines de travail à rallonge sans paiement des heures supplémentaires, les licenciements facilités, le chômage comme passage obligé entre deux contrats précaires. Merci Président !
Savez-vous bien, frivoles jouvenceaux, que l’État, placé dans les mains de la droite, vous aurait inéluctablement conduit dans la rue, battant le pavé pour défendre vos droits mis à mal par un gouvernement autoritaire qui ne vous aime pas, puisqu'il déteste tout ce qui ose contester sa force, qu'il veut absolue. Au lieu du dialogue serein garanti par la démocratie participative chère à nos dirigeants de gauche, vous connaîtriez les honteux agissements de l'état policier, l'asphyxiante puanteur du gaz lacrymogène, la douleur des coups de matraque et des coups de poing de CRS dans le ventre, la couleur de votre sang s'égouttant sur la dalle des universités. Merci Président !
Jeunesse dorée d'une société dans laquelle l'égalité sociale, la justice et la juste répartition des richesses sont les objectifs d'un pouvoir respectueux des libertés individuelles, ouvert à la culture et à la création, luttant pied à pied contre la pauvreté, ce fléau suprême, remerciez chaque jour notre président socialiste. Sans lui, au lieu de déambuler l'esprit léger sur les trottoirs rutilants, vous arpenteriez des rues habitées par des sans-abri, des ponts sous lesquels vivotent dans de mauvaises tentes des réfugiés venus de pays bombardés aussi par notre armée, y compris des enfants, délogés de temps à autre à coups de trique par une police aux ordres de l'oligarchie xénophobe. Merci, oh merci Président !
Sachez, jeunes égoïstes, rentiers d'un avenir radieux, que si, par ingratitude, vous refusez de voter aux présidentielles de 2017, la catastrophe fascisante vous sera dûment imputée, irresponsables abstentionnistes !