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Nul ne sait encore combien elle a coûté aux amis chers de saint-Fillon martyr : mais pour peser si lourd, la croix que porte le candidat du goupillon et de l'eau bénite, est ciselée d'or massif. Dieu qu'il est long, le calvaire électoralo-judiciaire du missionnaire de l'honnêteté et de la vertu en politique. À chaque station son épreuve cruelle que saint-Fillon martyr, le regard droit et les mains blanches, traverse la tête haute tel l'innocent que les flammes du bûcher de vérité laissent intact. Espions à l'écoute, juges instrumentalisés, journalistes de gauche, foules battant casseroles, écrivaine enragée, aide-soignants de maison de retraite, aucune hydre, aucun dragon ne sera épargné au persécuté de tous les cabinets noirs, victime des officines dont les arrières-cuisines mijotent le breuvage amer de la perfidie, qu'il boira jusqu'à la lie.
Mais la pire géhenne est douce pour qui porte un cœur pur sous sa haire en soie sauvage. Plus les coups s'abattent sur son cuir pleine fleur endurci sous les chaînettes de la discipline, plus les attaques se font mordantes, plus les fers des bourreaux s'enfoncent dans l'âme tendre du supplicié, plus saint-Fillon martyr souffrant pour la France, se sent monter au ciel. L'apothéose est proche ! Oui, il la sent venir, l'élection.
Extase ! Sous la paupière flapie pointe le dard d'une prunelle noire : le supplicié d'aujourd'hui se rêve monarque demain. Au palais élyséen promis, enfin soustrait aux bas procès du peuple comme à l’infâme geôle, l'apôtre de la sueur pour les autres et du fric pour sa poche, posant son séant sur la pourpre républicaine, songe déjà à son premier discours à la population : "maintenant, ça va chier."