Juliette Keating (avatar)

Juliette Keating

Abonné·e de Mediapart

1044 Billets

4 Éditions

Billet de blog 29 avril 2015

Juliette Keating (avatar)

Juliette Keating

Abonné·e de Mediapart

Horreurs du pouvoir

Le pouvoir est une maladie mortelle. On ne sait si la saloperie s'attrape à la naissance, voire in utero, dans les mystères impénétrables de l'enfantement du petit humain, futur tyran.

Juliette Keating (avatar)

Juliette Keating

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le pouvoir est une maladie mortelle. On ne sait si la saloperie s'attrape à la naissance, voire in utero, dans les mystères impénétrables de l'enfantement du petit humain, futur tyran. Une sorcière, peut-être, mauvaise fée au chaudron débordant de baveuse rancœur et de haine recuite, profitant d'un instant de distraction parentale, se penche sur le berceau maudit des nouveaux nés pour le crime. Ou bien c'est un choc, une commotion de la cervelle encore malléable du bambin qui, lui pourrissant l'esprit tel une pomme talée, vient dévier de la vie paisible des gens modestes et conduire au massacre les mégalomaniaques toqués de la maladie du pouvoir. Quelle que soit sa genèse, l'affection est fatale, et d'abord pour les autres. La maladie du pouvoir a l'étrange particularité de tuer son entourage avant de détruire le piqué lui-même. Car comment établir son pouvoir, comment en palper l'effroyable consistance, si ce n'est par l'implacable anéantissement d'autrui ? C'est ainsi que par la guerre ou par l'assassinat, par le suicide assisté ou le drone programmé, par l'extermination de masse ou l'exécution de détail, le pouvoir fait périr les sains par le bras inexorable du vicié. La peine de mort, dont chacun sait depuis vieille lurette qu'elle n'est d'aucune efficacité pour prémunir la société des criminels qu'elle produit par sa perversion-même, n'a d'autre objectif que de combler d'une jouissance délicate le malade irrécupérable et d'abreuver de sang une poignée de braves gens tout aussi atteints, qui savourent ainsi les plaisirs du pouvoir par procuration. On croit sauver des têtes par la limitation démocratique de la toute-puissance, mais seule l'éradication de cette terrible maladie des hommes débarrassera l'humanité des charniers sur lesquels se fondent tous les pouvoirs.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.