Hey, Apolline… Wake Up ! (une matinale classée X)

Ce matin, Mathilde Panot était l’invitée d’Apolline de Malherbes pour le « Face à Face BFMTV ».  Une interview de vingt minutes, diffusée sur BFM et RMC, de quoi permettre de parler d’un certain nombre de sujets.

D’ailleurs, il y a un sujet que Mathilde Panot, qui a présidé une commission d’enquête sur la gestion de l’eau par les entreprises privées, aurait bien aimé pouvoir porter :  le scandale révélé l’avant-veille par plusieurs médias sur l’eau en bouteille Nestlé. La multinationale a pu utiliser des filtres non conformes dans ses usines, et ce avec la bénédiction du gouvernement, exposant les consommateurs à un risque sanitaire avéré. Mais pour Apolline, ce n’était déjà « plus l’actualité ». L’eau que des millions de Français sont susceptibles de consommer, celle qu’ils mettent dans le biberon des bébés est potentiellement contaminée, l’Etat est directement impliqué dans le scandale, mais ce n’est plus d’actualité ? Drôle de point de vue… Je n’irais pas jusqu’à penser que ce désintérêt puisse être lié au fait que l’info ait été révélée par d’autres médias, allons, allons.

Non, ce matin, on va aborder un sujet primordial, qui passionne les Françaises et les Français (ILS ONT LE DROIT DE SAVOIR !) :  le fameux VISUEL*. Une publication qui pointait les députés socialistes et d’extrême droite qui, par leur non censure, autorisait le gouvernement a mettre en place le budget le plus austéritaire du XXIe siècle. Publication qui avait d’ailleurs été rapidement retirée, les socialistes s’étant émus que, selon eux, elle mettrait un signe égal entre leur parti et l’extrême droite. Dossier clos, donc. Mais pour Apolline, c’était LE sujet du jour. Et voilà, c’était parti pour quinze minutes sur le Nouveau Front Populaire et ses disputes, dont un tiers sur le fameux visuel alors même que Mathilde Panot avait répondu très clairement dès la première question.

Après un quart d’heure pendant lequel Mathilde Panot a tenté vainement de déplacer l’interview sur des questions de fond – l’écologie, la précarité, les services publics, se heurtant aux relances d’Apolline décidément obnubilée par les désaccords au sein du nouveau front populaire, voilà enfin qu’il semble qu’on va pouvoir passer à un autre sujet.  Il reste cinq minutes d’interview. Peut-être l’occasion de parler de Bayrou qui a couvert les agissements scandaleux d’une école catholique ? Ah non, ça a été révélé par un autre journal… Des 42000 enfants victimes du mal logement comme nous l’apprend le rapport de la Fondation pour le Logement des Défavorisés ? Ah non, le rapport est sorti il y a 48h, ce n’est plus l’actualité.

Allez, passons à la question de la régularisation des clandestins ; il faut bien entretenir le  « sentiment de submersion ». Après tout cinq minutes sur ce thème pourquoi pas, on ne manque pas de préjugés à déconstruire. Las… ce qui intéressait visiblement au plus haut point les téléspectateurs selon l’intervieweuse  ce n’était pas d’approfondir le sujet mais.. un tweet de Rima Hassan, posté dix jours plus tôt (tiens, là, c’est encore l’actualité), sur lequel Mathilde Panot était sommée de réagir. Et plusieurs fois, puisque visiblement Apolline n’a pas bien compris sa toute première réponse. Ou alors elle n’avait pas d’autre sujet et il fallait meubler les trois minutes restantes ? Allez savoir.

Je m’étais mise au clavier pour analyser cette matinale et réfléchir au traitement de la politique et des politiques par les médias. Pas pour m’en prendre à Apolline de Malherbe en particulier, mais pour parler plus largement ; de la commercialisation de l’information et de ses effets désastreux par exemple. Evoquer le surgissement des réseaux sociaux comme principaux pourvoyeur de sujets d’info, au détriment d’une information de qualité… Et puis il s’est passé quelque chose. Avant de m’attaquer à cette note j’ai fait un tweet clin d’œil sur la matinale d’Apolline. Un tweet moqueur. Une simple blague un peu potache.

Et voilà que mes amis, collègues, camarades m’appellent et m’inondent de messages : on parle de toi sur BFM ! J’ai visionné la séquence, et en effet Apolline de Malherbe a fait un sujet de mon tweet qui lui reprochait de… piocher ses sujets sur X. Belle mise en abyme.

Il y a peu de temps, j’avais envoyé un sms à Apolline de Malherbe pour lui signaler une erreur qu’elle venait de faire à l’antenne, reprenant une fausse info qui avait circulé dans les médias, et qui avait largement été démentie par la suite.  Déjà à l’époque ils s’étaient basés sur le tweet d’un macroniste. sans le vérifier.

elle avait alors annoncé à l’antenne qu’elle venait de recevoir un sms de ma part. Malheureusement, elle n’avait pas jugé utile d’en lire le contenu, et ainsi d’admettre son erreur. Dommage. Mais ça me servira de leçon. Je saurai que la prochaine fois, si j’ai besoin qu’Apolline traite un sujet, le plus simple, c’est de tweeter !

 * Vous ne savez absolument pas de quel visuel on parle ? Rassurez vous, 99% de la population non plus