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Billet de blog 7 avril 2011

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Ce que cache la hausse du Taux Directeur de la BCE (de 1% à 1,25%, jeudi 7 avril 2011)

Les banques centrales de la Zone Euro sont des entreprises "comme toutes les autres" (entre guillemets quand même) : leur chiffre d'affaires annuel consolidé au niveau de la BCE (les produits financiers) est constitué par l'ensemble de leurs "emplois financiers", parmi lesquels se trouvent les refinancements accordés aux banques commerciales, aux taux annoncés (procédures d'appels d'offres à taux fixe et à taux variable).

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Les banques centrales de la Zone Euro sont des entreprises "comme toutes les autres" (entre guillemets quand même) : leur chiffre d'affaires annuel consolidé au niveau de la BCE (les produits financiers) est constitué par l'ensemble de leurs "emplois financiers", parmi lesquels se trouvent les refinancements accordés aux banques commerciales, aux taux annoncés (procédures d'appels d'offres à taux fixe et à taux variable).

A fin janvier 2011 (dernières statistiques connues), le SEBC (que la BCE chapeaute et "consolide" pour la Zone Euro) avait prêté aux banques commerciales 2.130 milliards d'euros (1.430 MD€ aux IFM, donc aux seules banques établies en zone euro ; le reste - à peu de choses près - pour les banques hors Zone Euro) ; il détenait aussi des titres de banques & caisses d'épargne (100 MD€) et des Bons d'Etat (470 MD€).

En prêtant à 1%, le SEBC (voir note) engrengeait donc 21,3 MD€ de produits financiers; en prêtant à 1,25% (nouveau taux), il engrangera 26,6 MD€.

Donc, d'un coup de baguette magique, le SEBC engrangera 5,3MD€ "en plus" grâce à son pouvoir de création de (fausse) monnaie.

Par contre, comme la BCE a accepté des "titres pourris" en garantie de ces prêts (100 MD€ de titres bancaires de "bad banks" et 470 MD€ de Bons Etat des PIGS), elle va un jour ou l'autre devoir passer des provisions pour pertes.

Car il est clair que certains pays et certaines banques & caisses d'épargne feront "défaut", et que les garanties obtenues par les Etats ne suffiront plus.

Toutes les explications alambiquées de nos amis de la BCE et de P. RIES cachent donc une réalité bien plus simple à décoder : il faut que les banques centrales nationales se refassent une santé avant de passer les provisions pour pertes.

Par petites doses de +0,25%, la mécanique de "plumage" de la volaille (nos Economies Réelles) va permettre (pensent-ils) de maintenir le système à bout de bras.

Tout le reste a été prouvé : même si les taux directeurs sont très bas, les taux de prêts des banques restent très élevés.

Par exemple, en janvier 2011,

  • les Prêts au Logement des Ménages à plus de cinq ans (encours) étaient à 3,80% (en moyenne) hors frais d'assurance ;
  • les Prêts à la Consommation à moins d'un an étaient à 7,78% ;
  • les Prêts de Découvert Autorisé étaient en moyenne à 8,62% ;
  • les Prêts de Découvert non Autorisé étaient à plus de 15% ;
  • les Prêts à la Consommation, petits montants (et pauvres gens) étaient à plus de 20% ;
  • les Prêts aux Sociétés Non Financières, inférieurs à un million d'euros (nouveaux prêts), étaient à 3,45% (taux variable, moins d'un an)
  • ils étaient à 4,15% pour des prêts compris entre un an et cinq ans.

Alors, tout ce tamtam pour rien... puisque une variation de +0,25% ne changera rien dans les politiques de crédits et de prêts bancaires....

Et tout ce silence autour de la vraie question : le système bancaire et financier est pourri jusqu'à la moelle...

Les non-remboursements de prêts en Zone Euro sont déjà en train d'exploser :

  • - 20,6 MD€ en 2010 pour les ménages (dont -4,7 MD€ pour les Prêts au Logement) ;
  • - 60,2 MDe en 2010 pour les entreprises (Sociétés Non Financières) ;
  • - 3,7 MD€ en 2010 pour les Non-Résidents.

La crise se paie aussi par le biais de faillites privées... et ce n'est qu'un début.

En conclusion, les gouverneurs des banques centrales viennent nous faire de beaux discours sur la nécessité de lutter contre l'inflation... qu'ils ont provoquée en créant de la fausse monnaie... mais la réalité est bien plus triste : ils sont en train de créer de la déflation.

Déflation par le biais des faillites et des plans de restructuration de plus en plus "sensibles"...

Et, comble de notre malheur, Philippe RIES - au sein de MEDIAPART - reprend à son compte le discours ("vertueux") de la Haute Finance, sans sourciller...

Merci de réagir, vite, très vite.

JM

ALTER-EUROPA

Pour une Autre Europe...

Et (bien sûr) pour un Autre Euro...

SEBC : Système Européen des Banques Centrales : toutes les banques centrales de l'Union Européenne, et donc les Banques Centrales de la Zone Euro, chapeautées par la BCE (zone dont nous parlons).

PS : ce billet a été "rétabli" dans les "blogs recommandés par les abonnés"...

Merci au Club.

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