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Billet de blog 20 juin 2009

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L’Economie Monétaire Ouverte & Dérivée : explications réservées aux « nuls ».

Comprendre les causes de la crise actuelle, c'est d'abord définir le système économique, monétaire et financier actuel.Eviter une "grande dépression", c'est surtout bien comprendre quels sont les leviers à utiliser ou à éviter.L'article proposé tente de faire comprendre qu'il faut réagir, vite, très vite.D'autres articles permettront de montrer que "un autre monde est possible", grâce à quelques "réformettes" bien plus que grâce à une grande révolution.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Comprendre les causes de la crise actuelle, c'est d'abord définir le système économique, monétaire et financier actuel.

Eviter une "grande dépression", c'est surtout bien comprendre quels sont les leviers à utiliser ou à éviter.

L'article proposé tente de faire comprendre qu'il faut réagir, vite, très vite.

D'autres articles permettront de montrer que "un autre monde est possible", grâce à quelques "réformettes" bien plus que grâce à une grande révolution.

A. L’Economie, l’Economique et les Economistes !

L’ECONOMIE est un ensemble d’entreprises, réparties en trois secteurs économiques (primaire, secondaire et tertiaire) qui produisent des richesses au sein d’un espace économique précis, durant une période précise. Les richesses créées sont calculées à partir des Valeurs Ajoutées. Il faut ajouter les excédents ou les déficits du commerce extérieur (en + ou en -), pour chiffrer le fameux Produit Intérieur Brut, un concept très matérialiste qui est censé mesurer le « bonheur » des populations. Depuis l’adoption du nouveau Système Européen de Comptabilité (SEC), les flux monétaires sont répartis entre cinq secteurs institutionnels résidents : les ménages, les sociétés non financières (SNF), les sociétés financières (SF), les administrations publiques (APU) et les institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLSM).

L’ECONOMIQUE (plutôt que les sciences économiques) est une matière qui existe vraiment depuis cinq siècles, avec l’apparition des premiers auteurs aujourd’hui classés parmi les « mercantilistes ». Pour situer le foisonnement des recherches en la matière, il faut savoir que, jusqu’à la fin du XVIII° siècle, les connaissances dans ce domaine étaient bien plus sérieuses que celles de la médecine de l’époque. Depuis, l’Economique est devenue le parent pauvre des connaissances humaines, à tel point que cette discipline fait penser à la médecine décrite par MOLLIERE dans « Le Malade Imaginaire » : quelques dizaines de spécialistes, « unanimement reconnus », sont invités par tous les médias, recrutés par la Haute Finance, dans les Administrations et dans les associations professionnelles pour répandre la bonne parole de leurs commanditaires (lobbying). Les plus « influents » sur le plan mondial sont américains, majoritairement récompensés par le (faux) Prix Nobel, et ils travaillent généralement dans les grandes institutions internationales. Ils débitent des dizaines de chiffres à la minute pour « enfumer » leurs contradicteurs ou pour débiter des diagnostics incompréhensibles, voire incohérents, sans subir la moindre contestation ; pour empêcher toute participation démocratique à des réflexions qui nous concernent tous, ils utilisent, en plus, un langage hermétique, quasiment ésotérique. Par contre, ils sont toujours d’un avis unanime sur les remèdes : il faut pratiquer des saignées partout, et dans tous les domaines...

Pourtant, cette « science » n’a cessé de produire des milliers d’ouvrages de qualité et une amélioration constante des outils d’observation. Elle est donc « riche » en enseignements en tout genre qui devraient réconcilier les spécialistes de ces matières économiques, monétaires et financières à tous les niveaux : macro-économique, micro-économique et méso-économique. Rien qu’aux niveaux micro- et méso-économiques, les progrès informatiques ont permis des avancées considérables dans les outils comptables, les outils de gestion et de contrôle de gestion, le marketing, la gestion commerciale, la recherche stratégique, l’organisation…

LES ECONOMISTES sont quasiment inexistants dans les entreprises, et donc leurs avis et conseils portent surtout sur la macroéconomie : l’Etat et les Services Publics sont toujours trop généreux quand il s’agit de répartir des créations de richesses pour le bien-être des populations, pour le respect des valeurs humanistes et pour la protection de l’environnement. A contrario, leurs commanditaires ne sont jamais satisfaits des allègements de charges, des réductions de la fiscalité, des subventions, des commandes d’Etat, des régimes sociaux… Tout pour eux, rien pour les autres !

LEURS HOMOLOGUES DANS LES ENTREPRISES, les cadres dirigeants, ne font guère mieux. En effet, la gestion des entreprises a repris les vieilles thèses utilitaristes du capitalisme le plus outrancier au sein des grandes entreprises: l’humain est un vulgaire outil de production, facilement substituable (machines, sous-traitances, délocalisations, importations sauvages) tandis que les cadres de ces entreprises sont de plus en plus lobotomisés (et démotivés) par une obéissance aveugle aux « patrons », de simples salariés comme eux…

La question du jour est double : Comment décrire le système actuel en des termes plus abordables ? Comment sortir de cette « grande dépression » que tous nos responsables politiques et financiers veulent minimiser ?

B. Création de Richesse, Economie Réelle, Monnaie et Etat : pourquoi ce système peut-il dériver facilement ?

Toute création de richesse est d'origine humaine et organisationnelle. Autrement dit, l’argent ne crée rien, contrairement à ce que nos « grands économistes » nous serinent tous les jours. Pour bien comprendre ce postulat, nous allons retenir la distinction entre l’ECONOMIE REELLE, LA MONNAIE et le RÔLE DE l’ETAT.

L'ECONOMIE REELLE est alimentée par des projets (qui font travailler des bureaux de recherches et d'études), par des investissements, matériels et immatériels, et par des capitalistes, preneurs de risques. Il faut des millions d'heures de travail pour concevoir une autoroute ou pour arriver à bâtir une usine performante intégrant les technologies les plus récentes comme les tours de main les plus anciens (théorie de l'apprentissage). Pour mieux dénoncer les dérives du management actuel, prenons le secteur « immatériel » de l'informatique : des centaines de milliards d'heures de travail ont été nécessaires pour arriver au stade actuel de développement de ce secteur (électronique, chimie, physique, organisation, langages...), et il faudra encore des centaines de milliards d'heures dans les années à venir pour faire progresser toutes nos organisations. C’est donc un secteur très porteur qui utilise du « jus de cerceau » (immatériel) bien plus que des muscles (machines humaines) et des chronomètres (cadences). Ces millions d'heures de travail consacrées à un projet quelconque sont destinées à créer de la valeur ajoutée pour tous, lors de la conception et de la réalisation du projet, puis tout au long de la vie de l'investissement : les salariés (qui doivent bénéficier d'une qualité de travail et d'une qualité de vie en progrès), les actionnaires (première catégorie des preneurs de risques), l'Etat & les Collectivités, les prêteurs (deuxième catégorie de preneurs de risques), les fournisseurs (qui ont une organisation propre), les clients (organisation propre) et les utilisateurs (qui doivent bénéficier des baisses de prix et des améliorations de qualité, obtenues grâce à l'expérience des producteurs). En clair, ceux qui disent que "Le capitalisme est mort" sont des Martiens qui n’ont jamais posé le pied sur notre planète bleue. Bien sûr, le capitalisme peut être public (au sens large), privé ou panaché... mais il existera toujours. Le capitalisme n’est pourtant pas un système à laisser vivre sans garde-fou : de tout temps, le mauvais partage des valeurs ajoutées, des risques et des gains de productivité ont posé problème au fonctionnement de nos démocraties et au bien-être de nos populations. Or, ces partages doivent être envisagés sur du moyen terme, et même sur du très long terme pour minimiser les pollutions, réduire les déchets, favoriser l’utilisation des ressources non renouvelables... Des sujets de mieux en mieux défendus par les altermondialistes et par les citoyens responsables (voir les sites de PLOUTOPIA et de AGORAVOX).

LA MONNAIE A TOUJOURS ETE NECESSAIRE, mais l'humain a toujours triché avec ses monnaies. Il a inventé de multiples formes de monnaies (nourriture, coquillages, métaux précieux, matières rares), difficiles à trafiquer, et il a toujours introduit la « monnaie de singe » pour les populations, faciles à berner. Depuis la « grande libéralisation » (années 1980-1990), nous avons confié la création de la monnaie aux plus grands tricheurs de tous les temps puisque, au lieu de créer des ateliers de fonte (industrie lourde) ou des ateliers d'imprimerie (industrie lourde elle aussi, du moins au départ), les grands commerçants, les banquiers, les assureurs et les Hauts Fonctionnaires sont devenus les maîtres absolus d'un système planétaire. Grâce à ce système, ils contrôlent les Banques Centrales (Europe) et Fédérales (Etats-Unis)... qui créent de la monnaie en un milliardième de seconde, en endettant les peuples et en puisant dans leur pouvoir d'achat futur avec de « la monnaie fondante » (trop abondante, et donc exerçant une fonction de « réserve de valeur » peu fiable).

LE RÔLE DE l’ETAT et de l’UNION EUROPEENNE a été particulièrement malsain : il a favorisé l’émergence et le développement d’une ploutocratie « à la grecque » (antique) en creusant des déficits dont les principaux bénéficiaires ont été les banquiers, les assureurs, les multinationales et les rentiers. Ils ont de cette façon créé le néolibéralisme, ce « système des nouvelles libertés » qui a conduit à privatiser nos monnaies nationales : alors que les pièces et billets émis en Zone Euro à la fin 2008 représentaient un peu moins de 4.000 MD€, les bilans agrégés de la Haute Finance représentaient plus de 40.000 MD€ (31.000 MD€ pour les banques, et 9.000 MD€ pour les assureurs & fonds d’investissement sous leur contrôle).

C. Economie Monétaire Ouverte & Dérivée : causes et conséquences d’une « grande dépression ».

L’Economie Réelle, chiffrée avec une monnaie neutre (une simple unité de compte), est définie comme une Economie Monétisée.

La même Economie Réelle, utilisant un système monétaire moderne, est définie comme une Economie Monétaire : elle peut être fermée (commerce extérieur sous haute surveillance) ou totalement ouverte (aucune limitation des importations, et aucun droit de douane).

Par contre, l’Economie Monétaire, alimentée par une monnaie trop abondante, devient une Economie Monétaire Dérivée : la monnaie est trop facile à créer, trop facile à ramasser (par les grands acteurs), trop concentrée dans les mains de la Haute Finance et des Grands Commerçants (GMS et multinationales). En contrepartie, elle est mal utilisée, elle devient risquée, et elle conduit à l’effondrement mondial des monnaies et des acteurs.

Notre système actuel est celui de la Grèce Antique et des Grands Empires : nous sommes plongés dans une Economie Monétaire Ouverte et Dérivée au sein de laquelle « la monnaie est devenue un but en en soi » (ARISTOTE) et sert principalement les intérêts des grandes familles et de la Haute Finance, mobilisant leurs énormes ressources pour engranger des plus-values faciles. Au sein s'un tel système, LA VALEUR TRAVAIL s'effondre (il y a toujours de la main d'oeuvre meilleur marché quelque part) et LA MISERE s'installe au sein des populations résidentes.

En bref, c’est un système suicidaire

Sans les interventions démesurées des Etats et des Banques Centrales, les faillites en cascade auraient fait disparaître la quasi-totalité des banquiers et des assureurs actuels aux Etats-Unis, en Europe, au Japon et dans tous les pays gérés par une Haute Finance inconséquente.

Et donc, dernier sujet de réflexion : même si tous ces grands acteurs avaient rendu l’âme en 2008 et 2009, toute l’Economie Réelle aurait subsisté : les routes, les autoroutes, les hôpitaux, les écoles, les ports et les aéroports, les entreprises, les usines, les matériels, les immeubles, les véhicules, tout cela serait toujours en parfait état… Evidemment, sans une reprise en main de la monnaie et de la Haute Finance par l’Etat, l’effondrement de l’Economie Réelle aurait été inéluctable.

Mais, plutôt que de provoquer un assainissement du système, nos gouvernants ont gardé les mêmes acteurs et ont rajouté encore plus de liquidités et de dettes dans un système monétaire déjà saturé.

Ce choix n’est pas neutre : il nous conduit vers la plus grande dépression, avec son cortège de misère pour nos populations.

D. Conclusion.

C'est le néolibéralisme qu'il faut combattre! Il faut combattre ces nouvelles libertés (néolibéralisme) : le pouvoir de créer de la monnaie aussi facilement, donc de créer de la fausse monnaie, et le pouvoir de la Haute Finance de se répartir autant d'argent « entre gens de bonne compagnie ».

En raccourci, notre système d’Economie Monétaire Ouverte & Dérivée souffre d’une surabondance, d’une trop grande concentration, donc d’une mauvaise répartition et d’une mauvaise utilisation de notre monnaie. En plus, la liberté laissée à nos gouvernants de créer trop de dettes publiques les a conduits à encourager ces grands acteurs par le biais de passe-droits et de subventions publiques au détriment de la DEMOCRATIE, et même de nos constitutions nationales qu’ils n’hésitent pas à modifier ou à réduire à néant (Traité de Lisbonne).

Il est clair que ce système des nouvelles libertés était condamné à l’échec. La preuve est là sous nos yeux : même les acteurs les plus « solides » auraient tous disparu sans les aides (démesurées) des Etats... qui entretiennent un système de Haute Corruption, géré par des truands et par des faussaires.

Le risque ultime ? C'est que le système ne puisse jamais être réformé. C’est exactement ce qui a conduit à la disparition des grandes civilisations, grecque et latine, avec leur cortège de misère généralisée.

Merci de réagir, et surtout de faire réagir le plus grand nombre d’entre nous,

ALTER-EUROPA

Pour une Autre Europe…

Et (bien sûr) pour un Autre Euro…

JUNON MONETA

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