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Billet de blog 26 septembre 2009

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OPCVM en Zone Euro : quarante SCANDALES MADOFF en 45 mois!

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Les Fonds d’Investissement (OPCVM) en Zone Euro : Qui sont les Grands Perdants ?

A. Quelques notions de base.

Les Organismes de Placement Collectifs en Valeurs Mobilières (OPCVM) sont des entités qui gèrent des Valeurs Mobilières, donc des Instruments Financiers de toutes natures.

On peut classer ces instruments financiers en deux catégories :

Des « produits d’origine contrôlée », représentant des créances ou des actifs de première ou de deuxième catégorie, bien identifiables en qualité et en quantité, donc des « produits de bonne provenance », nationale ou européenne.

Parmi les créances, essentiellement des reconnaissances de dettes : des Bons du Trésor, des Billets de Trésorerie, des Obligations, des Dettes Hypothécaires, des Dettes des Particuliers (des crédits et des prêts)…

Parmi les actifs bien identifiables : des actions, des parts sociales, des titres de propriétés foncières et immobilières…

Des produits dérivés qui sont des assemblages de divers instruments financiers et de plusieurs origines, dont l’assembleur connaît seul la qualité, la quantité et la provenance des articles de son panier ou de son produit.

Pour faciliter la compréhension, prenons le cas des vins. D’un côté, les vins de producteurs et de coopératives, avec toutes les contraintes liées aux appellations, et à la réputation plus ou moins exceptionnelle qu’ils ont pu gagner à force de sélections pluri-générationnelles. D’un autre côté, les vins sans marque et sans repère, créés par les négociants des Grandes et Moyennes Surfaces (leurs filiales), avec des jolies étiquettes, des noms de châteaux enchanteurs (fantaisistes) mais avec « le » grand mystère sur le contenu des belles bouteilles.

Pour « faire sérieux », la Haute Finance utilise souvent le terme de « véhicules ».

Officiellement, il existe deux types de véhicules :

Les Sociétés d’Investissement, réservées au « Grand Public » (SICAV en France) ;

Les Clubs d’Investissement Privé (Fonds Communs de Placement en France), réservés aux « Investisseurs Spécialisés », donc aux banquiers, aux assureurs, à tous leurs affidés (filiales et cabinets d’affaires) et à leurs clients fortunés.

La conduite des « véhicules » est généralement confiée à des Sociétés de Gestion qui peuvent être de deux types.

Les Sociétés de Gestion (plus de 5.000 pour la seule Union Européenne) ont à leur disposition plusieurs instruments et plusieurs « places de marché » pour gérer cet argent qui leur est confié.

La plupart de ces structures travaillent en « toute transparence juridique » sur le sol européen, avec des « produits d’origine contrôlée ».

Nous, nous préférons parler de « marchés visibles », plutôt que par « marchés transparents », nous allons expliquer cette nuance, pas à pas.

En effet, la transparence est toute relative puisque la plupart de ces structures travaillent avec leurs consœurs, établies dans les paradis fiscaux.

Bien sûr, depuis le travail au Karcher du président français, il n’y a plus de « paradis fiscaux » mais des « centres financiers coopératifs », et donc transparents (si on leur demande de l’être, ce que l’on ne fera pas, bien sûr).

Pourquoi ces « centres financiers » sont-ils devenus coopératifs ? « Grâce au G20 et à Monsieur SARKOZY», il fallait quatorze accords bilatéraux pour devenir « transparents » : c’est fait, c’est bon ! La plupart des « paradis fiscaux européens » ont donc signé des accords de coopération entre eux pour disparaître des listes gênantes.

Pour donner un exemple : Monaco a signé des accords de transparence avec Andorre, l'Autriche, les Bahamas, la Belgique, les Etats-Unis, la France, le Liechtenstein, le Luxembourg, Qatar, Samoa, Saint Marin et Saint Kitts. Par ailleurs, des accords ont été finalisés, mais pas encore signés, avec quatre Etats supplémentaires: le Groenland, les Iles Féroé, l'Islande et la Norvège. La transparence et la coopération de Monaco sont donc totales. Réciproquement, tous les pays cosignataires (dont la France et la Belgique, « vertueuses » dès le départ) ont largement « coopéré » à l’assainissement du Monde de la Haute Finance.

D’après nos informations, Monsieur ROCARD, ancien « ambassadeur de la France pour les pôles » (cela ne s’invente pas) a bien failli reprendre du service pour compléter la liste des traités de coopération… Merci donc au cirque du G20 de lui avoir évité une pneumonie et merci aux clowns de service (nos dirigeants politiques) pour ce beau spectacle de coopération internationale, organisé… par la Haute Finance ! Voir notre article précédent sur le sujet !

D’autres structures (informelles) travaillent en toute liberté sans avoir de déclarations à faire sur leurs portefeuilles et surtout sur les risques qu’ils contiennent.

Bien sûr, c’est la Haute Finance qui a obtenu ces « nouvelles libertés » (néolibéralisme) de « travail » pour camoufler ses profits et ses risques, et donc pour échapper aux « marchés visibles » en créant des marchés de gré à gré, les OTC (« Over the Counter », « par-dessus le comptoir » »), ou « marchés invisibles ».

Et, bien sûr, ces Clubs d’Investissement et de Gestion d’Actifs (Asset Management) travaillent aussi avec les « centres financiers coopératifs », donc « transparents ».

Les transactions sur ces « marchés invisibles » sont très souvent consanguines, et elles sont gérées à l’abri des regards (peu de structures juridiques mais simplement des « chambres de compensation » opaques) pour les produits à effet de levier, essentiellement pour les produits de traque (trackers) et les « turbos » qui ne sont rien d’autre que des paris ouverts sur les cours et sur les indices.

La conduite des véhicules « bas de gamme » est bien sûr sous le contrôle de la Haute Finance.

Elle leur confie des fonds (ceux de leurs clients Lambda) avec des objectifs de rentabilité qui vont de pair avec les risques : les fonds à sécurité maximale sont bien sûr moins risqués que les fonds à rentabilité maximale. Cela, c’est la version destinée aux « petits peuples ».

La version officieuse (la nôtre) est différente.

Pour gagner beaucoup d’argent, il faut au contraire minimiser les risques…

Donc, pour minimiser les risques, il suffit d’introduire de doux mélanges entre les fonds « Grand Public » et les fonds « Investisseurs Spécialisés ».

C’est ce que nous allons démontrer pour la seule Zone Euro.

B. Qui perd quand les affaires vont mal ?

Toujours les mêmes : les « petits peuples ».

Ils paient sans arrêt :

Ils perdent leurs emplois et leurs salaires sont muselés ;

Ils paient des impôts et taxes (indispensables au fonctionnement d’un Etat) quand les spéculateurs dénouent leurs opérations dans les paradis fiscaux pour maximiser les profits et les bonus ;

Ils paient des impôts et taxes pour renflouer les spéculateurs et payer leurs erreurs de gestion (actifs toxiques) quand les affaires ont mal tourné ;

Ils perdent leurs retraites et leurs économies forcées sans même le savoir.

Pertes Totales des Fonds OPCVM du 30/06/2007 au 31/03/2009

Sur le premier graphique ci-dessous, nous constatons que les OPCVM représentent des sommes colossales : de 6.003,1MD€ au 30 juin 2007 à 4.095,6 MD€ au 31 mars 2009.

VOIR GRAPHIQUE - 1 ATTACHE ou SUR : http://groups.google.fr/group/alter-europa/web/opcvm-en-zone-euro-qui-sont-les-grands-perdants

Nous voyons sur le deuxième graphique la répartition des pertes entre les Fonds « Grand Public » et les fonds « Investisseurs Spécialisés ». Le détail des pertes y apparaît.

VOIR GRAPHIQUE - 2 ATTACHE ou SUR : http://groups.google.fr/group/alter-europa/web/opcvm-en-zone-euro-qui-sont-les-grands-perdants

Sur les -1907,5 MD€, ce sont les fonds « Grand Public » qui ont absorbé le maximum des pertes : -1 .766,0 MD€.

Les Pertes principales proviennent des Détentions d’Actions et de Participations.

Le troisième graphique montre l’importante des détentions d’actions et de participations au sein des Fonds OPCVM.

VOIR GRAPHIQUE - 3 ATTACHE ou SUR : http://groups.google.fr/group/alter-europa/web/opcvm-en-zone-euro-qui-sont-les-grands-perdants

Les Actions & Participations détenues par tous les Fonds OPCVM en Zone Euro étaient de 2.216,4 MD€ au 31/06/2007 ; ils n’étaient plus que de 1.044,4 MD€ au 31/03/2009.

VOIR GRAPHIQUE - 4 ATTACHE ou SUR : http://groups.google.fr/group/alter-europa/web/opcvm-en-zone-euro-qui-sont-les-grands-perdants

Bien entendu, ce sont les Fonds « Grand Public » qui ont supporté l’essentiel des pertes : -952,5 MD€ sur 1.033,3 MD€.

Le système de Gestion des OPCVM est opaque à tous les niveaux.

Ce sont les mêmes équipes qui gèrent la plupart des Fonds « Grand Public » et « Investisseurs Spécialisés ».

Pour la plupart d’entre eux, ces fonds sont gérés ou dénoués dans les paradis fiscaux.

Certaines OPCVM peuvent détenir des parts d’Autres OPCVM, ce qui permet des basculements de gains ou de pertes au sein même des fonds OPCVM.

Sur le graphique suivant, les sommes représentant les Détentions Croisées ne sont pas spécialement démesurées : de 784,5 MD€ au 31/06/2007 à 529,7 MD€.

VOIR GRAPHIQUE - 5 ATTACHE ou SUR : http://groups.google.fr/group/alter-europa/web/opcvm-en-zone-euro-qui-sont-les-grands-perdants

Par contre, cette anomalie permet de basculer les pertes facilement comme le montre le dernier graphique de cette série :

VOIR GRAPHIQUE - 6 ATTACHE ou SUR : http://groups.google.fr/group/alter-europa/web/opcvm-en-zone-euro-qui-sont-les-grands-perdants

Comme par hasard, les Fonds « Investisseurs spécialisés » n’ont quasiment rien perdu : sur un total des pertes de -254,8MD€, les fonds « Grand Public » ont perdu -234, MD€.

C. Conclusion.

Vous pouvez donc en conclure que le vrai « véhicule », ce n’est pas l’équipe ou la société de gestion.

C’est la provenance des fonds qui devient le « véhicule » des profits ou des pertes puisque la gestion des fonds « Grand Public» est finalement confiée aux mêmes équipes de gestion que ceux des « Investisseurs Institutionnels ».

Les fonds « Investisseurs Spécialisés » sont sans risques quand les affaires vont bien : à ce moment-là, les interlocuteurs s’entendent pour écrémer les bénéfices des petits porteurs ou des « parieurs involontaires » (nos assurance vie, nos économies, nos Fonds d’Investissement et nos Fonds de Pension).

Leurs activités sont tout simplement juteuses dans les opérations de « merging » (regroupement), celles qui donnent lieu aux plans de restructuration les plus sanguinolents (licenciements) : Privatisations, Offres Publiques d’Achat, Offres Publiques d’Echange. Dans le cadre de ces « bonnes affaires », les « bonnes instructions » sont données aux « bons traders » qui vont obtenir des « super-bonus », non pas pour leurs qualités de « traders » mais pour « l’achat de leur silence » dans ces opérations où le « délit d’initié » est la règle.

Vous comprenez donc pourquoi la Haute Finance tient absolument à payer des « bonus » et des « parachutes dorés » à ses principaux collaborateurs (au sens le plus vil qui soit)… et pourquoi ces non-structures dans des non-paradis fiscaux font l’objet de réunions au sommet des vingt pays qui comptent le plus sur cette planète. Si un pays refuse d’encadrer les rémunérations, c’est la Loi du Silence qui risque d’imploser... Pour la Haute Finance mondiale, c’est un système qui ne DOIT surtout pas changer !

Ces mêmes fonds deviennent très risqués quand les marchés se mettent en berne et que les petits clients ont été bien tondus : à ce moment-là, les traders veulent quand même augmenter leur bonus, et la consanguinité devient dangereuse.

D’une part, plusieurs copains coquins sont est en train de rendre l’âme ; d’autre part, personne ne peut mesurer le risque global de ces « marchés invisibles » car chacun a intérêt à ne pas dévoiler ses pertes réelles et potentielles.

Dans le cas d’une très grosse déprime, les Etats donnent de l’argent frais aux spéculateurs pour qu’ils se remplument (apports en capital, sans prise de participation).

En parallèle, la Banque Centrale Européenne leur en prête à tour de bras en sachant que, en cas de défaillances notoires, elle pourra faire jouer les garanties, apportées par les Etats, pour obtenir le paiement des actifs toxiques… qu’elle prend elle-même en garantie pour donner de l’argent aux banques.

Comme d’habitude, c’est la privatisation des gains quand cela va bien, et la socialisation des pertes quand cela va mal.

Merci de réagir, et surtout de faire réagir le plus grand nombre d’entre nous,

ALTER-EUROPA

Pour une Autre Europe…

Et (bien sûr) pour un Autre Euro…

JUNON MONETA

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