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Billet de blog 1 janvier 2025

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Mes 11 prédictions pour 2025

Je préfère prédire que prévoir. C'est moins fatiguant. Il s’agit de dire demain sans le voir en quelque sorte. Tel Anchise, aveugle et voyant. Moi je prédis beaucoup de choses pour 2025…Hum…11 au total.

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Je n’ai pas besoin de modèles, théories, ou autres gadgets du couple Big Data & Machine Learning. Je n’ai pas besoin de tout cet arsenal technique pour prévoir ce que sera demain. Car mon souhait n’est pas de prévoir, mais de prédire. Prévoir, prédire, ça se ressemble pas mal à première vue. Mais si vous soulevez le voile, vous relèverez que sous prédire il n’y a rien, alors que sous prévoir se dévoile un édifice technique intimidant. Prédire ne nécessite aucune compétence particulière. Prévoir est réservé aux élites qui pensent pour nous. Moi je choisis donc de prédire plutôt que prévoir. Je m’évite ainsi de produire les motifs de mes fulgurances.  

J’ai 11 prédictions pour 2025. Dans l’ordre :

1 – Je prédis que l’Homme restera fidèle à lui – même, animé d’une sympathique mais toxique « ivresse, jouissance à la fois sensible et intellectuelle qui répond à un besoin passionné de dépassement, mais risquant de l’égarer sur la réalité de sa vie, de l’endormir sur ses misères, et l’étourdir sur sa brièveté ». La mort obsédante.

2 – Je prédis que cet Homme n’aura toujours pas le courage de regarder face à « farce » l’absurdité de son existence ponctuée de sa terrible sentence. Mais il ne pourra pas s’empêcher d’y penser quand même, lorsqu’il se retrouvera confronté à ses 4 murs. « La pensée profane se nourrit et s’empoisonne de la hantise du temps qui s’écoule ; l’horloge sonne la mort comme les cloches », Flaubert.

3 – Je prédis que l’Homme tentera en vain de résister à l’appel du vide, en se débattant, s’agitant de tout part. Comme si « la vie au fond n’était que ce continuel changement de position comme un lit inconfortable dans lequel on ne peut dormir longtemps couché sur le même coté », nous enseigne Dino le héros qui s’ennuie d’Alberto Moravia

4 – Je prédis que cette absurde condition échouera en ennui profond, insoluble même dans les plus grandes quêtes que l’Homme s’est cru devoir poursuivre. « Le ressort de l'histoire ne se trouvait ni dans le progrès, ni dans l'évolution biologique, ni dans le fait économique, ni dans aucun autre des motifs qu'allèguent généralement les historiens des diverses écoles, mais bien dans l'ennui », toujours Dino qui s’ennuie.

5 – Je prédis que l’Homme qui s’ennuie de son reste à vivre se sentira libre mais piégé, comme tous les héros de Fernando Pessoa. Il peut marcher aussi longtemps qu’il veut, du vide au néant. « L'homme en proie à l'ennui se sent prisonnier d'une vaine liberté, dans une cellule infinie »

6 – Je prédis que cet Homme refusera l’ennui. Aveuglement nécessaire, ou panache naïf, tout dépend du point de vue. Il continuera de croire qu’il n’est pas qu’un parmi les autres, mais qu’il est bien plus que cela. Qu’il est doué de quelque chose qui sublime son être. « Nous nous laissons si aisément duper en croyant que nos intérêts altèrent le ciel et que son infinité se soucie de nos menues actions », Montaigne

7 – Je prédis que cet Homme qui a le melon ne croit pas si bien dire. « Je donne une valeur infinie a ma vie car c’est tout ce que j’ai ». Marcel Conche

8 – Je prédis que l’Homme obtus pêchera encore et encore par excès de confiance, espérance excessive. Une attitude qui peut causer quelque tracas, comme le rappelle ce psychanalyste dont je n’ai pas retrouvé le nom : « L’espérance est la principale cause de suicide : on ne se tue que par déception ».

9 – Je prédis que l’Homme obtus puis désenchanté, genre de romantique surréaliste, commencera à douter quelque peu. Car le monde qu’il habite ne répond plus aux commandes. « Le problème des rapports de l’homme et de la réalité est le problème dominant de notre époque (…) L’homme se retrouva tout à coup incapable d’entrer en relations avec son propre monde : le monde était tout à coup devenu obscur, indéchiffrable. Ou même, pis encore, inexistant ». Moravia encore lui.

10 – Je prédis que cet homme paumé restera ébaubi devant le spectacle, les faits le scotchant sur son canapé. Les yeux devant l’écran d’un monde risquant de basculer à tout instant. « La surprise troublante est de découvrir que, loin de nécessiter la longue durée chère aux historiens, les passages de la barbarie à la civilisation, de la civilisation à la barbarie se font parfois d’un seul pas », Starobinski 

11 – Je prédis que l’Homme 2025 prédira lui-même beaucoup de choses qui viennent d’être dites. Mais qu’il en arrivera d’autres encore qui n’avaient même pas été pensées, car impensables. « Les gens ne voient que ce qu’ils sont préparés à voir », nous dit Emerson. Car nous sommes aveuglés par la passion du vivant. « L'illusion est un effet nécessaire des passions, dont la force se mesure presque toujours au degré d'aveuglement où elles nous plongent », conclue Helvétius.

On dit bonnes fêtes quand même

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