Agrandissement : Illustration 1
Posé là sur l’étagère
Je prends la poussière
J’attends que ça vienne
En mode fougère
...
Des mains me frôlent
Des regards me croisent
Et puis s’en vont
Moi je reste là
...
Mais ne vous méprenez pas,
Ni amer ni aigri, je suis zen
Plus aucun usage à honorer
Les Hommes m’ont oublié
...
Avant je changeais de valeur,
En changeant de propriétaire
Maintenant c’est l’inverse
Merci Marcel pour ta cuvette
...
Tiens, un nouveau copain
Là à ma droite, t’es quoi toi ?
On dirait un bouquin,
Tu fais voir ?
...
C’est quoi? ….un roman ?
Tournes un peu pour voir
…« La couleur de mon slip »…
Ok
...
Après tout pourquoi pas
La littérature est en rut parait-il
Tant de sujets à traiter
Peut pas traiter que du ronflant
...
Et puis ça me change du précédent
Marrant qu’il ait fini sur l’étagère
Jamais eu le temps de finir
...
Mais il est plus là,
Une main a dû passer
A moins qu’il soit tombé
Perte d’équilibre, sujet tordu
...
Au fait, en dessous y a plus personne
Là l’étage en dessous, vide
Pourquoi, je sais pas
Tout dégagé du jour au lendemain
...
Hier encore, j’entendais pourtant ce chat
Pas le vrai, le faux celui au bras mécanique
En haut en bas, en haut en bas
Débile
...
C’est quand même embêtant tout ça
Du jour au lendemain, plus rien
Ca aurait très bien arriver à mon étage
J’ai la hantise du grand rangement
...
Je sais bien que c’est le lot de tous,
Mais partir sans réponses c’est absurde
Qui m’a posé là ?
Pourquoi si haut ?
Quelqu’un me prendra t’il jour ?
...
Tiens, de l’ombre…
Je parie sur le rideau qui a été tiré,
Impossible de voir de là
Mystère, un de plus
...
Un peu d’ombre du coup,
Ca va, l’ombre j’aime bien,
Elle cache ma poussière
Car on ne m’astique jamais
...
J’aimerais bien tomber aussi
Pas tout en bas car on est haut,
Mais juste à côté, là près du bouquin
pour changer de point de vue
...
Juste par curiosité,
Pour me distraire un peu,
Puisqu’il ne faut plus compter sur les Hommes
A quoi nous servent – ils au fond
....
Nous les objets n’avons plus besoin d’eux
Ce sont les Hommes qui nous encombrent désormais
Bientôt, ils prendront la poussière à notre place
Et nous qui passeront devant eux sans faire attention
...
Ils flotteront autour de nous,
Comme nous jadis flottions autour d’eux
« A mesure que les supplices deviennent plus cruels, les esprits humains s’endurcissent.
Comme les fluides, ces esprits se mettent toujours au niveau des objets qui les entourent », Beccaria