
Une pensée particulière pour l’homo pléonexe, celui qui consomme comme il respire. « Pourquoi consommer demain ce que l’on peut consommer aujourd’hui ? ». Donnez lui 1 il voudra 2. Son summum bonum consiste à vouloir toujours plus qu’hier, toujours plus que son voisin, toujours plus même s’il n’en a pas besoin, il est inapte à la satiété. Socrate déjà (Gorgias de Platon) ironisait sur ce spécimen en l’imaginant tel le pluvier, cet animal « qui mange et fiente en même temps ». Il existerait même des versions un peu trash de l’Homo pléonexe : la version ouroboros, ce serpent symbolique capable de se consommer soi même, sans s’en rendre compte.
L’heure est grave. Notre Homo pléonexe peut – il survivre à l’inflation décervelante ? Le pouvoir d’achat est décidément un sujet très sérieux.
Autant le cas de l’Homme des supermarchés ou des plateformes semble pouvoir se traiter à l’aide du politique : monétaire punitif ou budgétaire laxatif. Autant le cas de l’Homo pléonexe est un défi digne de la quadrature du cercle. En effet, le politique n’a aucun pouvoir sur notre Homo pléonexe. Ce dernier a toujours consommé plus que de raison, et il ne semble pas que des Oukazes puissent mettre un terme à son œuvre.
Notre Homo pléonexe pourra t’il survivre dans ce nouveau monde hostile fait d’inflation grimpante ? A priori non. Mais essayons quand même.
Homo pléonexe en détresse
Avant toute tentative de traitement, il faut un diagnostic. Et déjà les ennuis commencent.
De quoi souffre donc notre Homo pléonexe ? Son mal semble bien plus tordu que le simple besoin de remplir le frigo ou de faire le plein. Ainsi, parmi les nombreuses théories byzantines sur la question élaborées par les gens qui pensent beaucoup, il fut diagnostiqué que peut être l’Homo pléonexe souffrait d’un… truc : un virus ou une pathologie quelconque. Bref, il était malade. Et les malades, on les soigne, si on peut. Sinon on les enferme, s’ils sont dangereux.
Malheureusement, à l’heure où ces lignes sont écrites, il n’existe pas de traitement médical, chirurgical ou psychiatrique, susceptible de soigner notre Homo pléonexe. D’un autre côté, il n’existe pas non plus de loi motivant une veille particulière dans le cas où l’Homo pléonexe serait déclaré inapte à l’achat et nuisible susceptible au bien vivre ensemble. Conclusion, on avance pas trop.
Ainsi, l’Homo pléonexe s’apprête à vivre des heures bien sombres de son histoire. Nul doute qu’il ne se laissera pas faire. Fera t’il le « pas de côté » de son congénère Homo bordelus dans l’an 1 ? Rien n’est moins sûr. A vrai dire tout dépendra du cours des évènements, sachant que nous avons une emprise relativement limitée sur les faits du monde en ce moment.
« Vous avez transformé les gens en infatigables machines à bonheur ! », le President Hoover s’adressant à Edward Bernays pape du consumérisme durant les années 30