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Billet de blog 9 décembre 2024

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Le fou et le con

Imaginez un jeu d’échec où l’on remplace le fou par le con. Dans la vraie vie ça donne quoi ?

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Illustration 1

Nos deux joueurs d’échecs se cherchent du regard. Ils semblent un peu perdus. On a remplacé leurs deux fous par deux cons. Mais comment joue t’on avec deux cons ? Aucune idée. Trop imprévisibles. Bêtes et butés. On ne peut pas compter sur eux pour mettre en échec et mat l’adversaire. Assurément, la meilleure stratégie est de se débarrasser au plus vite des deux cons en les sacrifiant.

Le fou aussi a quelques tares, mais il est tellement moins con que le con. Soyons pragmatiques, le fou est moins aléatoire, moins sournois, moins con que le con. Déjà il ne peut se déplacer qu’en diagonale. Ce qui élimine pas mal de possibilités de faire des bêtises. Alors que le con peut faire n’importe quoi. Surtout s’il est très con. Tout seul, il peut vous faire perdre la partie en 1 ou 2 coups, même sans le faire exprès. Le fou est donc largement préférable au con. Aux échecs. Mais dans la vraie vie aussi.

Si vous croisez un con et un fou dans la rue, il y a de fortes chances pour que préfériez passer du côté du fou. Il peut vous mettre une baigne sans raison, parce qu’il est fou. Mais le con peut vous faire chier un bon moment, parce qu’il est con. Le fou finit par être attachant, le con jamais. On peut parfois soigner les fous, on ne soigne pas les cons. Entre le fou et le con, moi je vote pour le fou. Sauf que parfois il est con aussi.

Et c’est un problème quand même. Hier j’ai croisé un fou, mais en fait il était con. J’aurais pourtant juré qu’il était fou. Mais non. C’était bien un con. Il a traversé la route sans regarder, ce qui plaidait pour la thèse du fou ; et puis il s’est tourné vers moi et m’a fait un doigt, c’était un con. Un fou et un con. C’est possible. Les deux sont tout à fait compatibles.

Il faut dire que de loin ça ressemble quand même pas mal. Le con comme le fou sont en état de sujétion absolue par rapport à leur condition. Ils n’ont aucunement l’ambition de s’élever un peu. Ils n’y pensent même pas en vérité. Leur feuille de route est assez sommaire, mais au moins elle est claire. Le con fait le con, le fou fait le fou, les deux font ce qu’ils savent faire le mieux, le plus naturellement du monde. Litanie du con, monodie du fou, programme succin mais suffisant.

Comment les reconnaitre ? Quand même, le con c’est celui qui est vraiment le plus con. On peut pas se tromper. Les mots me manquent, car le con ne se résume pas. Le con a ses raisons que la raison ignore. On ne peut pas comprendre les cons, sinon c’est nous le con. Le fou c’est autre chose. C’est le con sans arrière pensée. Sans toutes ces choses qui rendent le con détestable. Le fou c’est le con gentil. A priori impossible de les confondre. Sauf si le fou est aussi un con évidemment.

Dans ce cas, impossible de distinguer le con du fou puisque ce sont les mêmes. C’est con. Mais c’est fou aussi qu’on puisse être les deux à la fois. Je veux dire, à quoi ça sert d’être con et fou ? c’est vraiment nécessaire ? On me dit qu’on choisit pas vraiment. C’est probablement la providence qui vous afflige une double peine. Pas de bol quand même. On a vraiment dû faire le con pour repartir aussi con mais fou en plus.

Après, il y en a qui cachent bien leur jeu. On dirait qu’ils sont cons. Mais en fait ils sont fous. Feignant le fou craignant le con. Un faux fou mais un vrai con. Ou l’inverse, un vrai fou mais un faux con. Et bien entendu le coup double est aussi possible, un con fou ou un fou con, les deux commutent. Interchangeables. Pratique mais bon.

Bref. C’était l’histoire du fou et du con. On va peut être s’arrêter la. 

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