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Billet de blog 12 décembre 2024

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Les grandes bouches

Il y a des personnes qui parlent beaucoup. Le plus souvent elles disent plus qu’elles ne font. Mais le danger vient lorsqu’elles font vraiment ce qu’elles disent.

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Parler n’est pas sans risque. Tout dépend de ce que l’on dit, du moment où on le dit, de celui à qui on le dit, de ce qui est compris, de ce qui sera retenu. Cela dépend donc de pas mal de choses. Finalement, on ne parlera qu’en cas d’extrême urgence. Que si l’on n’a pas trouvé d’autres moyens de se faire comprendre.

Et si parler n’est pas sans risque, parler beaucoup est une épreuve bien plus délicate encore. On imagine l’athlète du verbe, fourbu de sens, et toujours pour élever le débat. Malheureusement, c’est tout l’inverse qui se produit. Le plus souvent, celui qui parle beaucoup n’a pas grand-chose à dire. Tout le monde a pu faire cette expérience, dans son entourage professionnel ou à une heure de grande écoute sur un média. Logorrhée, faconde, et incontinence verbale sont les principales caractéristiques du bavard de service aussi appelé grande bouche.

Les grandes bouches peuvent parler des heures par leur seule volonté de parler, sans aucune idée derrière la tête, conjuguant admirablement asianisme et autotélisme.

« Il n’eut pas fallu plaisanter cet orateur qui n’avait d’idées qu’en parlant »

André Bretton

Chez la grande bouche, le mensonge est une option intéressante, le plus souvent pour épater l’auditoire, d’où la confusion naturelle avec le mytho. Mais il se produit aussi des cas extrêmes, où le mensonge devient une arme de confusion, d’enfumage. Ce type de mensonge n’est toutefois utilisé que par les plus audacieux. Car il faut être sacrément culotté pour dire l’inverse de ce qui est. Aucun problème pour certains. Ce sont aussi de grandes bouches, mais beaucoup plus toxiques.

Car à la différence des grandes bouches classiques, les grandes bouches toxiques ont vraiment quelque chose à dire. Et une grande bouche toxique qui dit ce qu’elle compte faire, a parfois le culot de faire ce qu’elle dit.

- Papa, pourquoi le monsieur (ou la dame) a l’air bête et méchant quand il parle aux gens ?

- Peut - être parce qu’il l’est vraiment

- Mais s’il est bête et méchant, les gens vont pas l’aimer ?

- je crois que si

C’est une bizarrerie qu’on ne s’explique pas. Pourquoi les gens détestables ne le sont – ils pas ? En leur qualité de grande bouches toxiques, elles disent l’inaudible. Elles fracassent la fenêtre d’Overton, biffent les valeurs sous couvert de vérisme. Rien que de très nouveau. L’histoire ne se répète pas, mais elle rime parfois, comme disait Marc Twain. Il y a toujours eu de grandes bouches toxiques, et toujours eu des gens pour les écouter. Certes, il y a toujours eu l’opportunité de ne pas les croire.

« Cela ne l'inquiète pas que ses idées ne soient pas vraies, il les utilise comme des tranchées pour la défense de son existence, comme des épouvantails pour effrayer la réalité »

Jose Ortega y Gasset

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