karl eychenne (avatar)

karl eychenne

Bocal à mouches

Abonné·e de Mediapart

156 Billets

0 Édition

Billet de blog 13 juillet 2025

karl eychenne (avatar)

karl eychenne

Bocal à mouches

Abonné·e de Mediapart

Trump : "Les droits dédouanent !"

Il s’agit d’un terrible malentendu. Nous n’avons pas compris l’annonce de Donald Trump. Il n’a jamais utilisé l’expression « les droits de douane » mais l’expression « les droits dédouanent », ce qui ne signifie pas du tout la même chose

karl eychenne (avatar)

karl eychenne

Bocal à mouches

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dédouaner. Un mot qui ne manque pas de culot. «  Tu as fait une terrible erreur, mais je te dédouane ». Les affranchis par exemple sont dédouanés des méfaits qu’ils ont pu commettre. On les prive de leur culpabilité. On ne prouve pas leur innocence, on la décide.

Droit. Un mot qui a un melon de dingue. « J’ai le droit ». Et si j’ai le droit de te demander ceci, c’est donc que tu as le devoir de le faire. Droit est un mot qui en impose. Un mot qu’il ne faut surtout pas regarder dans les yeux.

Les droits dédouanent. Une expression qui vous prend de haut, conjuguant les deux mots les plus gonflés de la langue française : droit et dédouaner. En première lecture, cette expression pourrait signifier qu’avec les droits tout est permis, puisqu’ils dédouanent. Il suffit donc d’avoir des droits, et plus rien ne peut vous arrêter. Si ce n’est le bon sens, ou une certaine idée du bien vivre ensemble.

Nous y voilà.

Donald Trump a probablement voulu parlé de cette expression là. « Les droits dédouanent », et non pas des « droits de douane ». En ce sens, Donald Trump ne comprend pas la réaction hostile de ses partenaires commerciaux. Il ne comprend pas pourquoi on lui reproche quelque chose, puisqu’il ne fait qu’usage que de droit, et que cet usage le dédouane d’avoir à se justifier. Il peut nous imposer ce qu’il veut puisque c’est son droit, et que ce droit le dédouane de tout méfait en quelque sorte. Petite précision, le droit auquel Donald Trump fait référence n’a rien à voir avec le droit auquel le Candide du meilleur des mondes peut penser. Le droit de Donald est plus proche de la loi du plus fort, quant à l’autre il a aussi le droit mais de fermer sa bouche.

Mais les partenaires commerciaux n’ont pas bien compris. Ils ont entendu « droits de douane » quand il fallait entendre « droits dédouanent ». Terrible malentendu. Peut être parlent – ils davantage l’espéranto que la langue de sabir du président américain. Magnanime, Donald propose alors de laisser le temps à ses partenaires commerciaux de bien relire l’expression qu’il a utilisée, afin qu’ils réalisent alors leur méprise. Il organise même des discussions entre les parties, comme des ateliers de langue, afin que chacun soit bien au fait des subtilités de langage des uns et des autres. Il faut louer la démarche, Donald Trump n’était pas obligé de nous apprendre à (le) lire.

Certains pays semblent alors comprendre le message, et décident d’obéir. Remarquons que « décider d’obéir » est aussi une expression étrange. A première vue, cette expression a la tête d’un oxymore. En effet, si je décide c’est que je n’obéis pas. Mais à bien y creuser, il est tout à fait possible que je décide de ne pas décider, et donc d’obéir. Et c’est effectivement ce que font certains pays. En poker, on dit qu’ils se couchent. Certains donc décident de jouer le jeu, et d’accepter les règles du jeu imposées par le grand stratéguerre.

Mais d’autres pays ou d'autres zones se montrent plus retords, ou moins couards. On hésite entre les termes utilisés, car il dépendent essentiellement du camps dans lequel vous vous trouvez. Ceux là peinent à souscrire aux nouvelles règles, non parce qu’ils font preuve de mauvais esprit, mais parce qu’ils trouvent ces règles particulièrement gonflées, et surtout dévastatrices pour l’équilibre du monde. Donald pense alors qu’on le prend pour un jambon. Qu’on essaie de gagner du temps sur son dos. Et il décide de passer la seconde. Il fait rédiger une lettre expliquant aux mauvais joueurs que la fête est finie. Mais il ne veut pas que la fête soit finie. Super Donald décide de hausser le ton, comme il le ferait avec un enfant qui refuse d’obéir. Il n’est pas possible de prévoir ce que dira Trump dans une heure. Mais par contre, il est tout à fait possible qu’il dise exactement l’inverse de ce qu’il vient de dire. Donc la première réaction à avoir est de rester zen. Peut être demain matin l’enfant terrible se réveillera t’il du bon pied, et changera d’avis, ou pas. De toute façon, quoi qu’il fasse, il invoquera toujours son « droit dédouane ».

« Quand il parlait, il ne levait que le doigt et le bras, il avait ressuscité la marionnette »,  Donald Trump l’anti – Monsieur Teste de Paul Valéry

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.