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Billet de blog 14 mars 2022

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Ukraine en anachronie

Nous sommes le 24 février 2022, en Europe, et Vladimir Poutine a décidé de libérer l’Ukraine, sa petite Russie.

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« ...Ces mots peuvent être perçus comme hostiles par certaines personnes… Je voudrais dire une chose. La Russie n’a jamais été et ne sera jamais anti – Ukraine. Et ce que l’Ukraine sera, c’est aux citoyens Ukrainiens de le décider ». Vladimir Poutine, juillet 2021.

Il s'agit de la fin d'un long essai qui fit date pour une raison bien particulière, qui n'a rien à voir avec le fait qu'elle fut contredite par les faits quelques mois après (le 24 février 2022 exactement).

En effet, cet essai fit date car pour la première fois un article était publié en Russe mais aussi en Ukrainien sur le site du président russe : « On the Historical Unity of Russians and Ukrainiens »

Cet essai fut interprété par certains (pro-russes) comme une ode à la petite Russie, et pour d’autres (pro-occidentaux) comme un appel à prendre les armes. Mais dans l’ensemble, tous convenaient que le président Poutine avait d’autres projets pour la petite Russie (Ukraine) que ceux du président Zelensky. "Qu'il la libère" selon les uns, "qu'il la récupère" selon les autres. Mélancolie ou rancune.

En coulisse, on se demandait alors jusqu’où Poutine serait prêt à aller. 

Un indice, l'Angelus Novus de Klee revisité par Walter Benjamin : « Il a les yeux écarquillés, la bouche ouverte, les ailes déployées... Cette tempête le pousse irrésistiblement dans l'avenir auquel il tourne le dos tandis que le tas de ruine devant lui grandit jusqu'au ciel. Ce que nous appelons le progrès, c'est la tempête. »

Ainsi Vladimir serait prêt à bien des sacrifices pour aller au bout de son idée. La fin de l'Histoire version Kremlin devait justifier les moyens. Il fallait que l'Ukraine oublie le futur qu'elle s'imaginait, pour se rappeler à un passé plus à l'Est. Une Ukraine raisonnable, obéissante, et reconnaissante. 

Pourtant, le plus souvent les nations trouvent la bonne distance entre le passé et le futur. Mais parfois, le passé exerce une telle sidération sur le présent, qu'il oppose au futur une fin de non recevoir. « Notre passé nous suit, il se grossit sans cesse du présent qu'il ramasse sur sa route ; et conscience signifie mémoire », Henri Bergson. 

Aujourd'hui, la distance entre le futur et le présent n’a jamais été aussi grande. Le demain Ukrainien est devenu hésitant, le présent n’osant plus se projeter si loin. Pendant ce temps, le passé a donc rattrapé le présent, la mélancolie Poutinienne fantasmant le retour de la petite Russie au bercail ou tout au moins à la raison.

L'Histoire connait son chemin 

Après 7 millions d’années et l’apparition des premiers ancêtres de la lignée des « Hommes », on ne sait toujours pas quel est le sens de l’histoire, si il y en a, s’il y a même une fin de l’histoire. Par contre, peut être peut – on plus facilement se convaincre qu’il existe un mauvais sens de l’histoire, un contre – sens, ou un non - sens : « chose absurde, illogique, défi au bon sens, à la raison ».

Qu'en est-il du geste Russe ? Qu'en est - il de la réaction de l’Occident ? La suite des évènements saura t 'elle répondre au malheur en cours ? L’Histoire dira. En attendant, peut – être faut – il encore faire confiance à l’Histoire, puisque « L'Histoire connaît son chemin », Arthur Koestler.

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