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Billet de blog 16 juillet 2024

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La connerie augmentée

On connaissait la réalité augmentée, puis l’homme augmenté, mais pourquoi parle t'on si peu de la connerie augmentée ?

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Être con ne semble pas difficile à vivre, sinon on ne s’expliquerait pas leur nombre. Mais être con augmenté semble un irritant bien plus difficile à supporter. Imaginez un con, et maintenant un con 1000 fois plus con, on n’a pas tout à fait affaire au même gars. Pas vraiment le p’tit con, ni le con de base, ni le gros con, ni le super connard. Tous ces cons seront qualifiés de cons standards. Le con augmenté c’est encore autre chose. C’est un con dans l’air du temps, équipé des moyens les plus sophistiqués pour devenir le plus con possible, sans avoir rien demandé à personne. Et voilà comment on peut se retrouver con augmenté, parfois sans même nous en rendre compte. L’expérience de la connerie semble conduire au vœu de devenir plus con encore. A priori, nous sommes tous de bons candidats je crois.

Que faire ? Se tenir à l’écart du con augmenté ? Hélas, le con augmenté n’est jamais seul, tout comme le con standard d’ailleurs. Sauf que la population des cons augmentés est bien plus nuisible que la population des cons standards. C’est la physique des cons qui nous l'apprend. Les cons standards peuvent produire des conneries, mais l’onde de choc reste circonscrite dans l’espace et dans le temps, puis finit par disparaitre. Par contre, lorsque ce sont les cons augmentés qui produisent des conneries, l’onde de choc devient imprévisible, chaotique, hystérique. Le problème des 3 corps de Poincaré devient le problème des 3 cons. Impossible de prévoir leur trajectoire. La connerie augmentée est un problème tellement con qu’il semble n’avoir ni solution ni question. On ne sait pas comment le résoudre car on ne sait pas comment le poser.

En effet, comment mesurer le con augmenté ? Avec quel appareil ? Qui acceptera de se faire mesurer ? Vous ? Moi ? L’idéal serait pourtant de pouvoir quantifier toute cette connerie augmentée. Car alors il serait possible d’évaluer les dégâts potentiels qu’elle serait susceptible de provoquer. Après tout on mesure bien le QI des gars dotés d’une intelligence supérieure. Pourquoi ne pas imaginer un test de QI inversé, dont la seule ambition serait de détecter les cons augmentés, ceux dont les forces sont décuplées par rapport au con de base.

L’empreinte connerie

On pourrait calculer une forme d’empreinte connerie, fonctionnant de la même façon que l’empreinte carbone. C’est-à-dire que l’on chercherait à mesurer la quantité de connerie induite par le nombre de cons en puissance. Et l’on pourrait faire cela individuellement, chacun de nous serait alors doté d’une certaine empreinte connerie. Idéalement, chacun essaierait alors de réduire son empreinte. Mais en pratique, il faudra l’aider un peu, l’inciter.

Par exemple, on pourrait proposer une taxe connerie progressive, c’est-à-dire une fiscalité de plus en plus agressive pour les cons qui acquièrent le statut de con augmenté. Et ce afin de les dissuader de polluer davantage encore l’existence du reste des cons. Hélas, il est possible qu’il existe une courbe de Laffer des cons, qui nous dit qu’au-delà d’un certain niveau de connerie, la taxe devient inefficace. A priori, le con augmenté dépasse ce niveau seuil. La taxe connerie semble donc une mauvaise idée.

A moins que l’on fasse confiance au marché des cons, c’est-à-dire considérer qu’il existe des budgets de connerie que l’on s’achète et que l’on se vend en fonction de ses besoins d’être con. Si l’on croit à l’efficience des marchés, à sa convergence naturelle vers le moins con des mondes possibles, alors on se dit qu’il suffit de le laisser faire, et les cons augmentés finiront par s’éliminer naturellement. Hélas, la pratique nous révèle plutôt des cas de bulles de la connerie, comme s’il y avait une véritable concurrence pour avoir l’air le plus con possible.

Il faudrait peut être imaginer une COP réunissant toutes les grandes nations de cons augmentés, notamment celles qualifiées de « gros pollueurs » au sens où elles produisent des quantités exubérantes de conneries. Il existerait alors un comité comme le GIEC proposant différents scénarios de connerie pour les années à venir, en fonction des efforts que nous accepterions de faire pour devenir moins cons aujourd’hui. En pratique, il s’agirait plus modestement de limiter la progression de la quantité de connerie produite

La question n’est pas « peuvent – ils raisonner ? » , ni « peuvent – ils parler ? », mais « peuvent – ils devenir moins cons ? » , pour paraphraser Bentham.  

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