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Billet de blog 22 octobre 2024

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Conjuguer la vie au pas si simple

Le temps du "pas si simple" exprime une action inachevée, une énième tentative avortée, presque une capitulation. Un temps qui nous parle.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

« Il essaya mais échoua encore ». Expression emblématique de l’air du temps conjuguée au pas si simple. Il s’agit d’un genre de passé simple opportun, qui se moule à merveille dans l’époque. Et pour cause, le temps du pas si simple réunit certaines caractéristiques particulièrement expressives dans les environnements hostiles, tels que ceux proposés au sujet contemporain. Parmi ces caractéristiques, il y a l’utilisation de deux verbes, un premier qui croit, un second qui déchante. Deux verbes pas vraiment opposés, mais plutôt en opposition, le premier menant la charge avant que le second ne le repousse.

« Il protesta mais se ravisa de nouveau ». Toujours dans le même esprit, une autre expression typique conjuguée au pas si simple, illustrant une 2ème caractéristique de ce temps. Il s’agit de la répétition. Ou plutôt devrait – on parler d’accumulation. Le ressac étant l’image parfaite résumant cette caractéristique, un « aller et retour violent des vagues sur elles-mêmes, lorsqu'elles se brisent contre un obstacle ». On identifie sans peine les termes concernés dans l’expression, il s’agit de « de nouveau ». Dans la première expression, cette tâche était dévolue au terme « encore ».

« Il saisit l’objet du rayon mais le reposa comme les précédents ». Une dernière expression conjuguée au pas si simple, afin d’en illustrer une 3ème caractéristique. Il s’agit de la restriction, de l’objection, identifiée par le terme « mais ». Ce même « mais » apparait aussi dans les deux expressions précédentes. D’ordinaire, le « mais » n’est pas forcément connoté négativement. Par exemple, dans l’expression « il perdait mais il réussit à renverser la partie », le « mais » est bienvenu. Sauf que dans le cas du pas si simple, le « mais » appuie là où ça fait mal, il surcharge l’opposition entre le 1er verbe angélique et le 2ème verbe pragmatique.

Le temps du pas si simple réussit le double exploit de narrer l’histoire commune tout en permettant à chacun de raconter son expérience personnelle. A n’en pas douter, le temps du pas si simple sera bientôt enseigné dans les écoles, afin que la prochaine génération puisse raconter son réel. Déjà peut - être, faudrait – il songer à lui faire une place dans le Bescherelle, ou remplacer le plus que parfait devenu hors - sujet.  

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