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Billet de blog 24 novembre 2025

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La COP invisible

J’ai appris par hasard qu’une COP venait de clôturer ce week end au Brésil, la 30ème je crois bien. Si on en parle si peu, c’est que les choses doivent aller beaucoup mieux, certainement.

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L’invisibilité est un privilège ou une plaie, selon qu’elle est choisie ou imposée. Dans le cas de la bague de Gygès on comprend qu’il s’agit d’un privilège, le berger pouvant alors se rendre invisible à volonté pour commettre tous les méfaits possibles. Mais dans la plupart des cas, l’invisibilité est une plaie car elle est imposée, historiquement aux plus faibles, aux minorités, aux petites gens. Dans le cas des évènements c’est la même chose. Il y a des faits qui préfèrent rester discrets, comme les évasions fiscales, les collectes de données personnelles, ou les pollutions sauvages. Et puis il y en a d’autres qui gagneraient à être davantage connus comme la coupe du monde de la flemme ou  la coupe du monde de la bière.  Rien à voir.

Et la Cop alors, dans quelle case peut – on ranger la Cop 30 qui vient de se tenir au Brésil ? Je dirais comme ça sans trop réfléchir qu’elle se range dans la case des évènements invisibles non souhaités, et non souhaitables. Pour reprendre les termes du premier paragraphe, cette invisibilité de la Cop serait une plaie, et non pas un privilège bien évidemment. Quoi que. Cela dépend des points de vue. Si vous portez quelque crédit à la thèse du réchauffement climatique qualifié de plus grande arnaque, alors l’invisibilité de cette Cop est un privilège. En effet, puisque vous n’y croyez pas, vous voyez d’un bon œil cette absence de publicité. Par contre, si vous accordez quelque légitimité aux rapports du GIEC, alors cette invisibilité de la Cop est bien une plaie.

Mais quel que soit le camp dans lequel on se range, il y a au moins un point d’accord, c’est le statut d’invisibilité acquis par cette Cop 30. Il faut dire que la tenue des débats, le volontarisme des participants, et les conclusions produites ne plaident pas pour une publicité tapageuse. Quand même. Ces éléments - là sont – ils des motifs suffisants pour passer sous silence la tenue d’un tel évènement ? Qu’importe. Car là n’est pas le plus grand problème.

Tout le monde connait le problème majeur de ces Cop. Ce n’est pas la difficulté de la tâche. Ce n’est pas le manque de moyens. C’est la nature de la crise qu’elle couvre. La crise climatique ne pique pas assez, juste une légère démangeaison qui nous prend à chaque catastrophe naturelle. Inévitablement, demain il y aura encore des Cop invisibles. Comble de l’ironie, nous devrions presque nous en réjouir. Car le statut d’invisibilité requiert au moins une condition d’existence. Rien ne se serait pire qu’une crise climatique sans Cop.

Finalement notre attitude semble assez cohérente avec le cours des choses, bien dans l’air du temps. En effet, il ne semble pas que nous fassions preuve d’une empathie particulière ou considération excessive envers les générations à venir. Il est vrai qu’on ne peut pas les convoquer au débat. Et après tout, pourquoi défendre des vies putatives dont on ne connait ni les opinions ni les envies, et pour lesquelles nous n’avons aucune affinité particulière. Point de vue original d’une certaine philosophie morale (Dereck Parfit).

Allez. Osons espérer l’impensable. Puisqu’il semble impossible que nous prenions les bonnes décisions à temps, le seul espoir serait que le réchauffement soit effectivement le plus grand canular de l’histoire comme dit l’autre… Ex falso sequitur quodlibet

« Du possible, sinon j’étouffe »

Kierkegaard

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