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Billet de blog 27 mars 2023

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Le 49.3 est - il une hallucination ?

Il a l’air si réel et pourtant tellement hallucinant. Le statut ontologique du 49.3 fait débat. Peut – il seulement exister ? Ne sommes – nous pas victimes d’une illusion démocratique ? Ni l’un, ni l’autre. Le 49.3 serait plutôt l’expression d’une hallucination collective.

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Une hallucination est un mensonge qui ressemble à une vérité. On y croit tant qu’on ne s’est pas cogné contre le réel (Lacan).

Mais attention, il faut être précis dans les termes employés. L’hallucination n’est pas une illusion, c’est pire. L’illusion c’est juste un truc qu’on voit pas comme il faudrait. Alors que l’hallucination, c’est un truc qu’on voit très bien mais qui n’existe pas du tout. A priori on se dit qu’une illusion on en viendra plus facilement à bout qu’une hallucination. En effet, juste un peu de raisonnement pour la première alors qu’il faut un bon traitement pour la seconde.. Enfin, il est aussi possible que nous n’ayons affaire ni à une illusion, ni à une hallucination, mais que tout soit bien réel.

Le 49.3 est – il une hallucination, une illusion, une réalité ? Annonçons d’avance qu’il n’y aura pas de réponse tranchée à cette question, même pas de preuve par l’absurde alors que le terrain s’y prête. Mais, pour ne pas finir en eau de boudin, il sera quand même proposé une inclinaison à penser que le 49.3 serait plutôt une…  hallucination. Nulle arrière goût politique dans cette proposition, juste une vraisemblance plutôt qu’un résultat négatif n’invitant pas à conclure du tout. Il faut dire que le 49.3 est un sacré numéro, une savonnette épistémique qui vous glisse entre les neurones dès que vous essayez de le saisir. On a bien essayé de l’identifier, mais il s’agirait d’un ODNI : objet démocratique non identifié.

Le 49.3 est – il réel ?

A priori, le réel s’impose à nos sens. Mais pas forcément au bon sens. Le réel ne se conforme pas toujours à ce qu’on attend de lui. Il produit des faits qui défient parfois le rationnel, la logique, la morale, ou simplement donc le bon sens. Le réel a toujours raison ? Non, pas forcément. Si le réel nous déçoit, libre à nous d’en faire un réel qui réalise la promesse qu’on s’est faite. Si nous sommes capables de rêver, alors nous avons fait le plus dur. Et le 49.3 dans tout ça ? Il semblerait qu’il n’ait aucune difficulté avec le réel, bien au contraire. On lui reprocherait même une forme d’exubérance, un peu comme ces gars qui parlent trop fort, qui rient fort, savent tout sur tout et mieux encore, ils sont vraiment très forts. Le doute ne les accable pas, ils savent où et comment, ils ont la feuille de route. Non vraiment, le 49.3 en impose. Il est trop réel en vérité.  

Le 49.3 est – il une illusion ?  

Ca y ressemble quand même pas mal. Prenez le cas de l’illusion d’optique. Nous sommes conscients qu’il s’agit d’un truc impossible, cet escalier qui monte, qui monte, et se retrouve au point de départ. Ca a l’air de marcher, mais on sait bien que c’est pas possible. L’œil dit oui, mais le cerveau dit non. Et, ce qu’il y a de vraiment tordu dans cette histoire, c’est que même si le cerveau dit non, il ne peut pas empêcher l’œil de continuer à dire oui… L’illusion d’optique ne cesse pas malgré le raisonnement. La preuve est sans effet sur la vue, les lunettes formelles ne servent à rien. Nous sommes défectueux. Comme s’il s’agissait d’une anomalie, d’un défaut de fabrication de notre modèle. Le réel n’est pas en cause, le réel fonctionne très bien. Ce qui est en cause ce sont les injonctions qu’on lui impose afin qu’il se conforme à nos axiomes. L’illusion ne vient pas de l’extérieur, mais de nous même. En ce sens le 49.3 n’est pas une illusion comme les autres. Nous en sommes la victime et le bourreau, la plaie et le couteau comme dirait l’autre.

Le 49.3 est - il une hallucination ?

Par élimination, nous serions tenté de répondre plutôt oui. En effet, puisque le 49.3 ne semble pas vraiment être réel, ni être une illusion, il ne peut être qu’une hallucination. Attendu, qu’il est forcément un des 3. Rappelons qu’une hallucination c’est ce que je perçois avec netteté, mais qui n’existe pas du tout. On pourrait se dire qu’il est facile de se rendre compte de la supercherie. Mais le risque est quand même important : imaginez – vous être poursuivi par un gars armé d’une tronçonneuse, pas sûr que vous restiez là à vous frotter les yeux en attendant de voir le gars disparaitre. Admettons donc que le 49.3 puisse être une hallucination, nous avons quand même un léger problème : il faudrait que ce soit une hallucination collective.

Que nous soyons tous pris de la même hallucination, en même temps, cela semble quand même très peu vraisemblable… et pourtant, c’est possible. Et c’est même déjà arrivé parait – il. Les hallucinations collectives existent. Certes, en général elles ont plutôt tendance à être motivées par l’absorption d’une substance non autorisée. C’est une condition suffisante, mais pas nécessaire. En effet, il existe des cas naturels qui peuvent d’ailleurs dégénérer en psychose collective. Par exemple le cas de l'épidémie dansante de 1518 : « de nombreuses personnes dansèrent sans se reposer durant plus d'un mois, certaines d'entre elles décédèrent de crise cardiaque, d'accident vasculaire cérébral ou d'épuisement… ». Dans le cas du 49.3, on pourrait alors imaginer que tous les manifestants se mettent à danser marcher, durant des mois encore. Plus sévère, il y eut le cas de cette religieuse qui mordit ses compagnons, leur donnant cette même envie de mordre d’autres compagnons. En espérant qu’on en arrive pas là.

« La société libre n’est pas celle qui a le droit d’élire ceux qui la gouvernent, mais celle qui élit ceux qui ont le droit de la gouverner. ». Nicolás Gómez Dávila n’a probablement jamais su qu’il exista un jour un 49.3 en France, mais il avait déjà bien saisi les nuances clivantes qu’un tel article était susceptible de produire.

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