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Billet de blog 16 septembre 2022

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La question de l'écriture

Est-il possible de comprendre un médium autrement qu'en échappant à son usage ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Lorsque l'on commence à écrire, se mettant devant l'écran, la feuille, la machine, on se retrouve souvent en tête à tête avec l'inconnu.

"Bien sûr qu'il faut s'y mettre"

C'est quelque chose de normal et à la fois quelque chose d'intrigant.

"La vie nourrit l'écriture"

Vous repensez à toutes ces personnes qui ont été à cette place, qui le sont encore, que d'autres ont remplacé, que quelque part, modestement, aussi imperceptible qu'une inspiration, vous prenez votre part, sans qu'elle ne soit jamais à replacer dans cet espace.

Comprendre que si la question de l'existence, de son sens, de la place plus générale de notre espèce, de la vie même, a un quelconque but, elle n'est certainement pas à chercher dans ce qui s'en trouve être le fondement. Lorsque vous respirez, vous n'avez que peu conscience de cette mécanique à la fois constante et répétée. De même que lorsque vous vous retrouvez à écrire, vous questionnez moins souvent le fait même de vous y mettre, d'y être, que les émotions qui dépassent cette action et la motive.

Ce qui ne préempte nullement la validité - ou l'invalidité - de votre posture initiale. Ni même ne la diminue en quelque sorte.

Souvent, la réflexion me vient à la lueur de mes dernières lectures, vous vous afférez à apporter par votre acte, à porter au monde quelque chose de supplémentaire. Quelque chose qui à la fois, remplace (un vide), rajoute (une plus value) et s'additionne (à une œuvre collective).

Et cette activité n'échappe pas à la même fatalité que revêt chaque recoin de notre existence, n'ignorant pas de nous retourner sans cesse vers l'insignifiance de ce que l'on oublie donc, à chaque instant : toute la machinerie qui s'active et s'opère pour que ce monde vive.

Comprenons par là, comme le dit le proverbe allemand que, le diable est dans le détail. Non pas qu'il soit nécessairement malicieux, le détail, ou que c'est en cela que se joue la différence entre un échec et un succès, mais bien plutôt dans une sorte de lecture camusienne, absurde, qu'il n'existerait finalement pas de différence entre l'échec et le succès, que l'on ne pourrait dénommer indistinctement l'un de l'autre, selon un point de vue différent, car ils ne formeraient au fond qu'une facette d'un même ensemble. Donc, le détail serait toujours le centre du monde, non (d'un monde) pas comme quelque chose d'actif, mais comme quelque chose qui, à l’évidence, nous préexiste et nous survit, rendant plutôt humble nos vaines aspirations.

En fait, je ne crois pas que l'on puisse dissocier la question de sa réponse. On ne peut plus remarquer que si le besoin d'écrire existe en nous, depuis l'aube des temps, c'est aussi parce qu'il essaye immanquablement d'affleurer ce qui nous apparait mais qui ne peut être dit. Certains y verront un aspect lacanien. Si cela peut ajouter un quelque part, alors c'est (sous) entendu.

De même que je crois, nous revivons, à l'échelle de notre espèce, un monde sans fin. Et c'est d'ailleurs moins le monde qui en est dépourvu que notre perception anthropocentrique qui nous y (ra)mène paradoxalement. La fin d'un monde n'est pas la fin du monde, même si déjà tout le monde comprend le monde, personne ne le perçoit.

Écrire donc, c'est un passe-temps comme un autre. Un passe-temps qui s'échine à nous faire éprouver, entre-temps, une sorte d'exégèse d'un écrit que l'on aurait sous les yeux, mais qui, tout à fait, ne saurait être lu qu'au rythme qui nous tient pour croisière.

Si en philosophie, lire c'est relire, en tout autre chose, dire, c'est redire.

C'est alors que peut-être, à force d'user nos sens à sa poursuite, l'on se retrouvait fort marri d'avoir cherché après lui toute une vie.

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