En finissant l'intervention, inégale, de Barbara Stiegler au profit de la bibliothèque de Bordeaux, je me suis mis à penser que je contribuerais au renforcement de mon biais cognitif en écrivant dessus. Justement son intervention se voulait être une introduction à l’émergence d'un nouveau paradigme cognitivo-comportemental, influencé par le postulat des biais cognitifs dont la paternité échoit à Daniel Kahneman et Amos Tversky psychologues et économiste contemporain des années 1970, visant à établir un nouveau mode de gouvernance politique.
Mon biais cognitif, quant à lui, est partagé par un certain nombre de personnes, nuances mises à part, qui constatent de plus en plus bruyamment l'effraction d'une redite de l'Histoire : la guerre.
Avant d'aller plus en amont à la poursuite de ce constat, il m'apparait important de rappeler les éléments que je relève dans le discours de Mme Stiegler :
• La constatation faite de l'émergence d'une nouvelle école de pensée, par l'atrophie successive et méthodique de l'accès au savoir, de sa raréfaction (privatisation donc élitisme), de la confusion (l'information = connaissance) et donc de son extinction.
• Le monde universitaire comme terreau fertile de la contestation politique, de l'éducation, de l’émancipation et donc en contre champ mettant en péril ceux qui gouvernent, qui s'enrichissent dans le lointain de notre quotidien.
Il est, pour l'anecdote, assez cocasse de voir que l'un des grands pourfendeurs idéologiques de l'université n'est autre que le premier qui, une fois excommunié de la politique, s'y retrouve séance tenante, parachuté. Une histoire d'Amour polygame sans doute - d'avec sa demi-sœur la Haine. La précision commanderait de dire qu'il n'est pas débarqué dans ce lieu vicié qu'il décriait par ailleurs, mais dans les écoles qui en sembleraient épargnées : le droit, le commerce et la communication... Assas - sin !!!
Je ne peux pas m’empêcher de renvoyer le lecteur assidu à cette pastille de Linguisticae qui, si l'on s'en tient à son titre s'éloigne du sujet mais qui si on la regarde y est tout à fait, offrant une approche considérable de ce qui se joue réellement derrière le contre feu médiatique.
L'impression me revient sur une autre vidéo qui me semble tout à propos pour parler de par où la guerre s'avance : la chasse aux sorcières, l'expurgation de la culture, l'exorcisme de toute pensée critique.
Encore ailleurs, chez ce même Youtubeur cité plus haut, il est de se questionner non pas des fondements de la morale, mais bien des ressorts qui sous tendent son incantation dans nos prises de positions et de jugements.
Il est aussi rappelé par Barbara Stigler, que les réseaux sociaux sont une brèche au contrôle qu'exerce le système, détenus par des acteurs qui ailleurs consacrent, réifient, régissent l'espace et la parole. Sous couvert d'appel à endiguer la désinformation et s'armant de la théorie scientifique, le lambda qui est un loup pour lui même et ses congénères, doit être, par bien-veillance et pour sa sécurité, dépossédé de sa capacité d'action. De loin en loin, l'autoritarisme se rapprochant de la dictature.
Si l'on fait le parallèle entre les résultats des différentes élections et les comportements attendus, ou advenus, on remarque la mise en place d'un scénario macabre.
Sur le plan mondial, la guerre d'Ukraine crée à la fois toutes les possibilités d'un effondrement aussi soudain que prévisible, aussi incertain qu'il en devient certitude. Ce n'est d'ailleurs pas la guerre d'Ukraine à proprement parler, mais bien ce qui la rend possible (de sa perpétration à sa perpétuation) qui est ici à observer. Et c'est surtout ces éléments de lecture que l'on garderait bien de donner sur les plateaux télé.
Sur le plan national, l'alliance prochaine des pouvoirs en place, de droite extrême (Ensemble) avec l’extrême-droite (RN), rend la situation de plus en plus intenable.
Ajoutant à ça, l'effondrement du système financier et bancaire dans le prochain, coupler à des pénuries et des problématiques alimentaires qui vont s'accroitre, le scénario du pire n'est plus à écarter. Certains diraient qu'il est déjà bien établi.
Mais, j'aimerais faire ici un petit parallèle avec mon vécu et là où je ne peux m’empêcher de repenser à la dernier chronique d'Infernet, de Pacôme Thiellement et de lui rendre hommage, que ce qui nous distingue de l’intelligence artificielle c'est notre histoire : des expériences physiques qui ont développé ou entravé notre sensibilité qui ont créé à la fois des ouvertures ou des blocages. Nous avons des rêves dans les deux sens du terme, des espoirs que nourrit notre esprit et les productions de notre inconscient. Nous sommes traversés par des pulsions contradictoires. Nous occupons une place dans la société qui a produit des réflexes de classe ou de groupe dont nous sommes parfois conscients parfois pas et à chaque fois l'incroyable complexité de ce qui fait notre histoire rend totalement unique le point de vue que nous pouvons avoir sur l'existence, l'intelligence humaine nait de la vie, toute vie est unique, et nous parle de cette chose commune à tous : la vie.
Mon histoire donc, me permet de penser, que face à l’indicible, on finit toujours hébété.
Or, le plus grave, c'est qu'on s'y habitue.
Et c'est là, malgré le nécessaire réflexe de survie que sous-tend cette accoutumance funeste, le plus grand danger de celui qui précède toutes les plus terribles périodes.