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«Le vent se lève!...Il faut tenter de vivre » Le Cimetière marin ( Paul Valéry ), 風立ちぬ, Kaze Tachinu, Château Kînz, Chateau Zînk, Zink Tchâ Eau, Mf ...

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Billet de blog 2 juin 2015

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Le Fusil de Tchekhov ( " La loi du marché " )

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le film de Stéphane Brizé La Loi du marché " que j'ai vu avant-hier traite l’ horreur économique ( on pense, à Viviane Forrester, prémonitoire ), en ses ravages incarnés : Vincent Lindon y est impeccable, justement primé à Cannes, mais les autres aussi qui pour beaucoup jouent leur propre rôle : le conseiller de Pôle-Emploi, la banquière, les caissières ...

Les rouages du marché les broient littéralement.

Les scènes se succèdent comme des blocs heurtés, compacts, et chacune montre les gens ( Vincent Lindon en premier lieu mais pas que lui ) aux prises avec des obstacles de tous ordres et d'abord matériels. Les personnages sont filmés en plans serrés, la caméra colle à eux jusqu'à notre compassion extrême, jusqu'à notre gêne ( scène avec la caissière blonde plus qu'humiliée ); ils sont hyper contraints dans le cadre comme dans leur vie. Tout est compliqué, tout est éprouvant : parler est une épreuve ( le fils intelligent mais qui ne parvient que difficilement à s’exprimer ); le rendez vous d’embauche de son père par Skype, un modèle d'inhumanité (future ? ) Les alter ego dans une réunion de chomeurs enfoncent leur alter (Lindon)  sous la houlette d’un "gentil organisateur". 

Seul moment un peu distrayant, les pas de danse, répétititifs comme une tradition surannée rassurante, ( 1, 2, 3, 4 ) ;  ça m’a fait penser à la danse campagnarde dans Van Gogh de Pialat mais l’on sait ce qu’il en sera pour le peintre à la fin.

Puis l'embauche de Vincent Lindon comme vigile.

Il y a dans tout le film une progression dramatique théâtrale (on est à huis clos ) et le lieu du dénouement c'est le supermarché. J’ai pensé d’abord quand le monsieur est pris avec de la viande volée, qu'il avait volé sa cravate très voyante car le vigile lui dit : «  Vous l’avez sur vous ! » Et quand Vincent Lindon accroche la sienne et qu'on la voit pendre dans son vestiaire, m'est revenu en mémoire Le Fusil de Tchekhov  procédé littéraire où un élément introduit très tôt dans l'histoire ne voit son intérêt devenir clair que nettement plus tard. Par exemple, un personnage peut trouver un objet mystérieux qui deviendra au bout du compte crucial à l'intrigue ; mais au moment de sa découverte, l'objet ne semble pas important.

J'attendais plus ou moins ce qu'il advint.

Tout était enfermant, serré, surveillé ( et puni ), seule une ligne de fuite ouvre enfin l’espace à la fin.

p.s. ce film m'a paru une sorte de pendant du film talentueux aussi, L'Exercice de l'Etat de Pierre Schoeller qui emportait les politiques dans leur passion du pouvoir dévorante et leur hyper action ; dans le film quasi expériental, un modèle, de Stéphane Brizé ce sont les travailleurs et chômeurs de base qui tentent d'avoir prise sur leur vie mais sont emportés par le fleuve dévastateur, la loi du marché, titre explicite.

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