Je veux aller mourir aux lieux où je suis née;
Le tombeau d'Albertine est près de mon berceau;
Je veux aller trouver son ombre abandonnée;
Je veux un même lit près du même ruisseau.
( Le Mal du Pays ) Marceline Desbordes-Valmore
POUR UN TOMBEAU
*
On est devant, on veut nous mettre devant mais
On refusera indéfiniment
de voir ça, de regarder, participer
A ce sacrifice humain.
Miroir d’horreurs
Miroir
Où le sujet est annulé,
Le signe de l’humanité brisé
Verre
Redevenu sable, mer
Océan
Nuit.
Il nous faudrait un Victor Hugo
pour faire de la nuit un poème
Qui Luit.
* *
On croit à un conte
horrifique
« Qu’on lui coupe la tête ! »
mais qui va s’arrêter
Lorsque la petite fille se réveillera
Du sommeil qui l’a enterrée.
Mais le conte vire au macabre, au rouge-
sang, des rivières qui coulent et que le sable boit
Et qui se figent au noir.
Avec le hurlement de notre prochaîn, notre même
devenu anima blessée,
Notre âme en peine.
Le croyant-dieu qui s'ignore fils de la mort
Se croit martyr mais se fait sacrificateur
Est prêt à mourir ? A tuer.
Pulsion de mort, Thanatos
Appel à Freud,
Appel à l’aide !
Des montagnes de sens, de savoir, de Bonté
- Il nous faudrait un Nâzim Hikmet
pour la rappeler, -
vont s’effondrer.
***
L’humain, Atlas, le bien-aimé,
Le fils de l’homme que le fils de la haine
Broie
Brise
Abolit.
Il nous faudrait un Mallarmé
Pour nouer, dénouer
Les fils de l’écheveau
De notre langue
Blessée, révulsée,
Retournée
Dans la gorge,
Et qui étouffe notre savoir
……………………..
POUR UN TOMBEAU