« Et comme dans ce jeu où les Japonais s'amusent à tremper dans un bol de porcelaine rempli d'eau, de petits morceaux de papier jusque-là indistincts qui, à peine y sont-ils plongés s'étirent, se contournent, se colorent, se différencient, deviennent des fleurs, des maisons, des personnages consistants et reconnaissables, de même maintenant toutes les fleurs de notre jardin et celles du parc de M. Swann, et les nymphéas de la Vivonne, et les bonnes gens du village et leurs petits logis et l'église et tout Combray et ses environs, tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, ville et jardins, de ma tasse de thé. » ( Marcel Proust du Côté de chez Swann )
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Mes mains sont toutes pleines de désir
Le monde est beau
Mes yeux ne se lassent pas de regarder les arbres
Les arbres si verts, les arbres si pleins d'espoir
Un sentier s'en va à travers les mûriers
Je suis à la fenêtre de l'infirmerie
Je ne sens pas l'odeur des médicaments
Les oeillets ont dû s'ouvrir quelque part
Être captif, là n'est pas la question
Il s'agit de ne pas se rendre
Voilà. »
Nâzim Hikmet « L’arbre aux yeux bleus »
Il était un géant aux yeux bleus
Il aima une femme toute petite
Dont le rêve était une toute petite maison
Qui aurait dans son jardin
des chèvrefeuilles moirés
Extrait de C’est un dur métier que l’exil
« Nel mezzo del cammin di nostra vita
mi ritrovai per una selva oscura »
(« Au milieu du chemin de notre vie
je me retrouvai dans une forêt obscure » ( Dante, La Divine Comédie )
Et l'idée de ce billet m'est d'abord venue du Jardin des délices ( et du film Le Mystère Jérôme Bosch )
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