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Billet de blog 6 mai 2015

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Urgence ! Serge Atlaoui !

Le spectre de la peine de mort revient hanter l’Europe. Certes, elle n’est plus inscrite dans nos lois, mais sept français condamnés à mort à l’étranger croupissent dans les couloirs de la mort. L’un d’eux doit retenir toute notre attention : Serge Atlaoui. Voici pourquoi.

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Le spectre de la peine de mort revient hanter l’Europe. Certes, elle n’est plus inscrite dans nos lois, mais sept français condamnés à mort à l’étranger croupissent dans les couloirs de la mort. L’un d’eux doit retenir toute notre attention : Serge AtlaouiVoici pourquoi.

Illustration 1

Ouvrier soudeur originaire de Metz, par le biais d’une petite annonce il est recruté en 2005 par des donneurs d’ordre indonésiens pour installer des machines dans ce qui lui est présenté comme une usine de peinture acrylique, et y effectuer une maintenance de quelques semaines. Payé 2000 euros la semaine, non déclaré, il voit là l’occasion de regonfler les finances de sa petite famille (une femme et quatre enfants).

En fait de peinture, il s’agissait d’une usine de fabrication de pilules d’ecstasy. Serge Atlaoui, sans avoir jamais vu la drogue ni être informé du produit réellement fabriqué, commence à remarquer des choses bizarres, ce qui l’amène à décider d’abréger son séjour. Alors qu’il est sur place pour ramasser ses affaires, la police indonésienne investit l’usine, arrête tout le monde, et découvre une grosse quantité de pilules : nous sommes le 11 novembre 2005.

L’affaire est médiatisée : le président indonésien vient sur place : photos, vidéos, journaux TV, la prise est un succès de la lutte anti-drogue du gouvernement.

En première instance, Serge Atlaoui est condamné à la prison à perpétuité, peine confirmée en appel. En cassation, Serge Atlaoui est condamné à mort. Son avocate multiplie les recours, et chaque fois, demande à ce que ses témoins soient entendus. Qui sont ces témoins ? Ce sont les recruteurs qui l’ont fait venir en Indonésie, les trafiquants, le propriétaire de l’usine : tous sont unanimes : Serge Atlaoui ne savait rien, on lui a « vendu » une mission d’installation de machines pour produire de la peinture acrylique. Mais jamais aucun des tribunaux saisis n’acceptera d’entendre ces témoins. En première instance, Serge Atlaoui n’aura même pas droit à un interprète, et ne pourra répondre aux questions des juges que dans un anglais baragouiné que le tribunal ne comprend pas : à l’issue du procès, Serge Atlaoui est condamné à perpétuité en qualité de « chimiste » de l’usine. En fait de chimiste, c’est un ouvrier soudeur !

Certes, l’affaire ATLAOUI rouvre le débat sur la peine de mort.  Peine terrible car irrémédiable : l’accusé condamné à mort et exécuté ne peut plus être rappelé à la vie. La justice française est entachée de quelques affaires aussi funèbres que célèbres : Jean Calas, affaire rouverte par Voltaire, Christian Ranucci, racontée par Gilles Perrault dans Le pullover rouge, d’autres. Aux Etats-Unis, innombrables sont les condamnés, très souvent noirs, qu’une preuve nouvelle, par exemple une analyse ADN, vient innocenter après qu’ils ont passé cinq ans, dix ans, vingt ans dans les couloirs de la mort. Clint Eastwood en a fait un film.

Mais aborder le dossier Atlaoui sous l’angle de la peine de mort seule, serait une erreur.

Car c’est une règle universelle que la loi pénale est un attribut de la souveraineté des Etats et la répression pénale s’applique, ratione loci, aussi bien aux nationaux qu’aux étrangers, dès lors que l’acte réprimé a été commis sur le territoire national. Après tout en mai 1981 la République française avait encore une guillotine sous la main.

Pour nécessaire qu’il puisse être, le débat sur la peine de mort vient obscurcir le dossier de Serge Atlaoui. Car la justice indonésienne a bafoué les droits élémentaires dont aurait dû bénéficier Serge Atlaoui : droit à un interprète, droit à faire entendre des témoins à décharge, droit à un procès équitable, impartial, sans parler du principe de proportionnalité des peines : un ouvrier-soudeur condamné à être fusillé par un peloton d’exécution parce qu’il était présent dans l’usine le jour où la police y fait une descente !

Serge Atlaoui est incarcéré depuis dix ans. Il a déjà passé huit années dans le couloir de la mort. Le président indonésien a rejeté son recours en grâce. Jeudi 7 mai prochain, un tribunal indonésien examinera son dernier recours, tiré de l’absence de motivation du refus de grâce présidentiel. Il y a toute chance que la justice indonésienne continue sur sa lancée : déférer à la volonté clairement exprimée par le gouvernement et le procureur général d’exécuter Serge Atlaoui. 

Son histoire est dans tous les journaux : il suffit de taper son nom sur un moteur de recherche. Son dernier espoir, c’est vous, c’est l’opinion mondiale. Vous pouvez copier-coller une lettre type accessible sur FaceBook :" Sauvez Serge Atlaoui du peloton d'exécution " puis suivre : Lettre de Maître Sédillot, la copier et l’envoyer à l’ambassade d’Indonésie à Paris, par lettre ou par fax. Vous pouvez faire circuler cette lettre auprès de vos amis, vos collègues, vos contacts.

De sa geôle de l’île prison de Nusakambangan, Serge ATLAOUI et sa famille vous en seront reconnaissants.

Billet co-écrit par Kaze Tachinu et Steve GRANVILLE

Lien vers la lettre à répliquer sur FaceBook :

 https://www.facebook.com/francophonescontrelapdm/posts/1549239021967637  

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