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Billet de blog 10 mai 2013

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Les Emmurés

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                           The Time that remains

 Les Emmurés

Revu hier soir sur la 3 Le Temps qu'il reste, film de Elia Suleiman ( co-production franco-israëlo-palestinienne ) en quatre tableaux qui conte la vie d'une famille palestinienne à Nazareth de 1948 à nos jours. Elia Suleiman dépeint cette vie qui fut ( qui est ) celle de sa famille, sous occupation; on est dans le burlesque et le tragique, surtout une tragique immobilité, des plans, des visages, des vies empêchées, dans l'attente indéfiniment; même la mort du père, minimale comme fut, contrainte et forcée sa vie; pourtant le champ des agenouillés aux yeux bandés, de ce père résistant, sur le Golgotha nous point dès le début du film.

 Pourquoi les emmurés ? Parce que hors quelques plans de ciel bleu au-dessus des toits, ou éclairés de feux ( d'artifice ) les gens sont contraints par les cadres, ou comme Elia adulte tiré hors du cadre, burlesquement comme un pantin.

Le moindre plan enferme: embrasure de porte, même sur le balcon, on a vue sur les murs des maisons, et dehors, à la croisée des rares rues, montant ou descendant toujours vers des murs, et si un personnage passe en sifflant du Ennio Morricone, ça résonne comme s'il était seul; et puis le mur immense, dit de sécurité,  qu'avec sa perche Elia franchira, le temps métaphorique d'un plan.

Après le film, Taddéi qui avait convié Suleiman à le voir avec lui, l'interviewe; où sont ses énormes yeux de Buster Keaton, rêveurs, posés ? D'épaisses montures  de lunettes foncées nous les cachent, ses cheveux sont devenus blancs, contrairement à son père ( qui ne changera pas, même jeune acteur du début à la fin, seuls les cheveux se sont grisés ),  lui, a vieilli; il est subtil, réfléchissant, désabusé mais toujours vigilant, toujours combattant, témoin du temps qui a passé, du temps qu'il reste.

Qui reste ?

Il dit que filmer davantage la violence serait obscène.

Il dit d'Israël, fascisme de démocratie policée; il dit que tourner ce film fut simple, aisèment autorisé;  il dit qu'il refusa de mettre au générique des remerciements à l'armée qui les demandait pour des plans de chars, donc il n'y aurait pas de char.

Alors que son autre film Intervention divine fut bien plus compliqué à tourner parce que bien plus contesté.

A la fin de l'interview, il évoque les Oscar, se moquant un peu des prix, lui qui fut en sélection officielle à Cannes en 2009 dont le film aurait dû être tout en haut du Palmarès, ce tableau ( comme un mur ) d'honneur et qui ne fut même pas inscrit au bas.

Nul prix pour ce film magnifique, résistant, obstiné, vivant; le temps qu'il reste est dédié à ses parents.

 synopsis de wiki

-La première partie se déroule pendant la guerre de Palestine de 1948. Le grand-père d'Elia Suleiman, maire de Nazareth, signe la capitulation de la ville, dont les termes très durs sont imposés par la Haganah. Le père d'Elia Suleiman (Fouad) est un combattant résistant, donné par un de ses compatriotes et laissé pour mort par les troupes israéliennes.

-La seconde partie, située en 1970 (la télévision passe des images de la mort de Gamal Abdel Nasser), met en scène l'auteur enfant dans son voisinage et dans sa famille, dont son père à la santé précaire.

-La troisième partie, située en 1980, met en scène l'auteur adolescent, toujours dans son voisinage et dans sa famille, dont sa tante qui perd la mémoire et son père à la veille de sa mort.

-Dans la dernière partie, contemporaine, le cinéaste (qui y joue son propre rôle) veille sa mère vivant ses derniers jours.

Tout au long, la présence israélienne est lourdement présente, sous forme de patrouilles militaires, d'unités d'intervention contre des manifestants, ou tout simplement dans les chansons que les écoles arabes font apprendre à leurs élèves, jusqu'à l'une des scènes finales qui montre le cinéaste sautant le mur de sécurité érigé par Israël en territoire palestinien.

Les trois dernières périodes du film sont essentiellement autobiographiques, et la première a été bâtie d'après les carnets du père du cinéaste.

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