Retour, Friedrich Hölderlin
Au cœur des Alpes, nuit claire encore, et la nuée,
Source du poème en joie, elle couvre là-bas la vallée béante.
Le souffle allègre des monts passe et repasse en tempête.
À pic entre les pins défaille l’éclat d’un rayon ;
Lentement il se hâte et lutte, le chaos frémissant de joie ;
Jeune stature, mais puissante, il célèbre le combat amoureux
Parmi les rocs et bouillonne et oscille entre les bornes éternelles,
Car plus bachique encore voici que monte le matin.
Plus infinie est la croissance de l’an et les heures sacrées,
Les jours se mêlent dans un ordre plus audacieux.
Car aussi l’oiseau d’orage marque le temps, et entre les monts
Haut dans l’air séjourne et appelle le jour.
Alors le village s’éveille dans le fond et lève son regard
Sans crainte, familier du haut, sous les cimes.
Pressentant la croissance – car déjà choit l’éclair
Des sources antiques – le socle fume sous les cataractes.
Partout l’écho résonne et la forge immense
Œuvre jour et nuit, dispensant ses dons
( Traduction Michel Deguy )
« En bleu adorable » Hölderlin http://palimpsestes.fr/metaphysique/livreII/docs/holderlin-bleu-adorable.html



