Réalisé en Arabie saoudite, l'an dernier, par une femme. Premier plan sur les pieds des fillettes prêts à bouger, le film montre les Saoudiennes sous la chape noire de leurs vêtements, et celle tout aussi contraignante d'un ultra-puritanisme validé par la religion (dans la madrasa).
Montrant cela, la réalisatrice le dénonce mieux qu'un discours phobique de l'extérieur (comme ils fleurissent en Occident).
Dans cette société pudibonde et corsetée, les femmes négocient la réalisation de leurs désirs + ou - efficacement. La mère de Wadjda, la petite fille héroïne du film, par exemple, pour empêcher que son mari prenne une seconde épouse et le reconquérir est prête à se parer d'un beau rouge-passion ...
Wadjda, elle, a un rêve de liberté qui passe par l'achat d'un vélo; pour cela, elle est prête à gagner de l'argent par tous les bouts de ficelle, et aussi en s'incrivant à son école à un concours de récitation du coran + .
Et elle gagne le concours, mais l'argent pour un achat aussi "immoral" aussi peu conforme à l'idée de la femme que se font les femmes (et les hommes qu'on ne voit qu'à peine dans le film), lui sera hypocritement retiré.
Pourtant, le vélo, - sa mère qui a troqué son achat de robe rouge (aux secondes noces du père qu'elle n'a pu empêcher), pour le lui offrir -, elle l'a enfin, et avec son copain, un garçon de son âge ( ce n'est pas la moindre des bonnes idées de ce film), elle fait la course dans le vent entre les immeubles et les rues à peu près vides de gens.
Et au dernier plan, seule devant la grand- route, elle porte la promesse d'une libération avec celle du mouvement.
(Film vu hier matin au ciné.)