Sarah Bernhardt par Nadar
Vu à Avignon, en fin de festival off, ce dialogue ensorcelant entre Sarah Bernhardt et son serviteur:
Titre de la pièce: Sarah et le cri de la langouste *
La scène est à Belle-île-en-mer ( hors-champ) d'où le titre à la langouste...
Sur scène et de part et d'autre, haut dressées ( comme sur échasses ) des formes de mannequins-fantômes en carton pâte ( ou bois )
à masques de théâtre blancs.
Maria Naudin qui incarne Sarah " au crépuscule de sa vie " ( dit le prospectus) nous captive immédiatement.
Elle nous regarde de ses beaux yeux d'eau ( bleus ou verts ) et nous entraîne dans son sillage, à tous ses âges.
Son beau visage est émouvant, vivant, expressif, on est captifs !
Opéra, grands airs et grands textes ( brefs extraits ) la tragédienne racinienne nous revient.
Elle regarde plus loin que nous, elle cherche à voir le soleil et redoute qu'il s'éteigne, - j'ai eu envie de me retourner
pour voir ce qu'elle voyait tant c'était vrai -! Et elle convoque ses spectres ( comme on allume des contre-feux, des contre-fin )
comme elle appelle impérieusement à longueur de nuit d'insomnie Pitou son scribe et serviteur aimant et contraint.
Il jouera pour elle, sera sa mère, son mari tant aimé, Oscar Wilde !
On est pris alternativement entre émotion, la mère qui abandonne -j'ai 11 ans, la mort qui menace, la boiterie, la vieillesse,
et rire, Sylvain Savard en Pitou, en Oscar, en religieuse, en amant, Elle: - quel âge j'ai ?Je te donne un indice;
je n'ai pas connu Louis XIV ( et là on éclate de rire !), en mère.
A la fin la comédienne seule est éclairée, étoile qu'elle est redevenue ( comme elle l'a été ) et la pièce s'arrête comme en suspens.
Sylvain Savard s'est redressé en force. Maria Naudin ira jusqu'à boiter après les rappels...
Un spectacle assez époustouflant ( vu au théâtre du Balcon le mardi 24 juillet 2012 à 19h.)
* auteur John Murrell, adaptation Georges Wilson, mise en scène et scénographie Christian Brendel