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Kevin Bhema Vacher

Sociologue, militant et praticien de l'éducation populaire, activiste pour le logement digne, la démocratie et contre les discriminations. Marseille.

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Billet de blog 14 avril 2022

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Il faut démanteler l'extrême droite

Ce ne sont ni les éditocrates, ni les appels d'appareils politiques co-responsables de la défaite qui vont me convaincre d'aller voter le 24 avril. Je ne les écoute plus. Plus grand monde ne le fait d'ailleurs.

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Illustration 1
Le niçois Philippe Vardon est un ancien du GUD, organisation dissoute après la tentative d'assassinat de J. Chirac, puis dirigeant des Identitaires, dissouts également. Il est aujourd’hui l'un des cadres nationaux du RN

J'ai grandi à Nice, dans l'un des quartiers qui était le bastion historique des identitaires. L'extrême droite, je connais ça bien : c'est jeter de l'essence sur les sdf, organiser des "ratonnades", menacer les militant·es voire pire (et j'en sais quelque chose). Lutter contre elle était l'un de mes premiers combats d'adolescence.

Le Pen au pouvoir c'est se retirer des accords climatiques déjà suffisamment malmenés, c'est la dissolution progressive des syndicats, c'est Zemmour au gouvernement, le référendum sur la peine de mort, c'est l'autorisation de tirer à vue pour la police. À très court terme, c'est la fin des maigres mesures de lutte contre les discriminations de genre. Si son programme économique est ultra-libéral comme celui d'E. Macron, ce qui distingue le RN est fondamentalement sa velléité de répondre aux revendications les plus autoritaires des syndicats de police d'extrême-droite en mettant au pas la justice, de faire un usage systématique, massif et sans entrave des outils de surveillance mis en place par les précédents gouvernements, le développement d'une panoplie empêchant tout simplement toute stratégie individuelle ou collective de défense des droits humains. Ce qui les distingue, ce n'est donc pas tant la politique libérale et raciste (souvenons-nous de Darmanin rétorquant à Le Pen qu'elle était trop molle sur l'immigration), mais les moyens pour le faire, le changement de régime, l'anéantissement des contestations et de la justice. 

Donc, dimanche 24 avril, si je vais voter pour l'autre ordure, ce n'est pas par conviction ni par "responsabilité". C'est parce que j'ai peur d'une balle dans le dos le 25 avril. C'est pour nous autoriser un sursis, une maladie que je sais mortelle, un cancer mais dont on peut guérir par la force du collectif. C'est toujours ça de pris par rapport à la mort subite. 

Si vous n'en êtes pas convaincu.es, je sais que vous avez plein d'autres bonnes raisons que je partage, et qu'on en a marre de réparer ce que d'autres ont abimé, ceux là même qui nous ont enterré.es. 

Ce qui m'importe vraiment, c'est qu'on se détourne de tous ceux et celles qui se réveillent tous les cinq ans pour nous apprendre la politique et nos responsabilités. Dans tous les cas, c'est nous la solution, pas Macron. Ce n'est pas lui, ni les politiciens qui vont faire reculer l'extrême droite qu'ils ont alimentée de discours et de politiques racistes et violentes. Donc, il nous faut une stratégie commune, quel que soit notre vote ou non-vote, pour démanteler l'extrême droite :

1. aller convaincre qu'aucune voix n'aille à Le Pen, dans l'immédiat, et rappeler notre solidarité antiraciste et antifasciste en participant aux manifestations de ce samedi appelées par la marche des solidarités, les organisations syndicales, de défense des droits humains etc. 

2. lancer une contre offensive face au système médiatique de Bolloré, en commençant par signer l'appel Stop Bolloré. En tant qu'instrument d'hégémonie, ce groupe médiatique représente à la fois un danger immédiat mais également une continuité de ce qu'on a appelé fût un temps la Lepénisation des esprits, relayée par une partie de la gauche avec laquelle avec laquelle plus aucune compromission n'est possible tant elle participe à dessiner les cibles qui s'installent sur certain.es de nous. 
 
3. dégager Darmanin, représentant déjà actuel de l'extrême droite et de la culture du viol au gouvernement, qui installe chaque jour un peu plus les conditions du fascisme. On peut par exemple soutenir Nous Toutes, le Comité Adama et autres comités Vérité & Justice, l'observatoire des libertés associatives, les associations de lutte contre la surveillance globale et toutes les associations menacées ou déjà victimes de dissolution, sans condition et au titre des droits démocratiques. 

Enfin, il faudra reconstruire le futur autour de réponses à nos besoins vitaux. Le démantèlement des bases du fascisme fait partie de ces questions vitales. L'union populaire, et le programme l'avenir en commun, est la base la plus solide cela. Ce rassemblement citoyen et populaire se construira jusqu'au bout en regroupant les courants politiques, mouvements sociaux, et en particulier les collectifs citoyens qui n'avons jamais attendu les appels des chefs, qui faisons vivre la démocratie réelle dès maintenant et depuis bien avant hier soir.

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