Les Juifs marcheront vers la Synagogue pour le Shabbat, parce que c’est ainsi depuis des siècles. Et aujourd’hui, les musulmans se sont rendus en voiture pour la Prière du Vendredi. C’est bien connu : les musulmans, comme tout le monde d’ailleurs, connaissent très bien le covoiturage… Sauf le Vendredi. Un par voiture le plus souvent et tant pis pour les voisins de la mosquée. Tu es dans ta prière pendant que d’autres te maudissent d’avoir garé ton véhicule devant leur garage. Et la prière se termine, et nous sortons tous, pressés de reprendre nos vies. Il peut même nous arriver de nous énerver en klaxonnant, à peine sortis du parking de la mosquée. Ainsi, au lieu de regarder l’autre en pensant qu’il est dans l’erreur, c’est justement cet « autre » qui te montre que tu es injuste et que tu n’es pas cohérent avec tes principes.
Tu penses détenir les clés du Paradis en choisissant de condamner : « Toi l’Enfer ! Toi le Paradis ! » Tu possèdes les clés pour les autres… Mais as-tu les clés pour toi ? Où te places-tu ? Est-il vraiment important de décider de ce qu’il adviendra du cœur de l’autre ? N’as-tu pas assez à faire avec le tien ? Toi le Juif, toi le Chrétien, toi le Musulman ? Il y a quelques années, je priais seul dans une mosquée. Je rattrapais ma prière. Pendant que je priais, j’entendis la porte s’ouvrir. La voix du « gardien » de la mosquée se fit entendre : « C’est pour quoi ? » Une voix de femme répondit : « Je veux voir l’imâm, je veux me convertir. » Le gardien lui dit : « Les cheveux rouges c’est interdit ici ! » J’arrivais à la fin de ma prière, complètement déconcentré par cette conversation surréaliste. Je termine et je me retourne. Je vois une femme aux cheveux rouges devant un homme qui lui demande de sortir. Je m’interpose en proposant à cette femme de prendre place dans la bibliothèque : « Venez ! Seule compte la couleur de votre cœur. » Le gardien de la mosquée s’est pris pour le gardien des cœurs.
Et la quête avait commencé. Il fallait comprendre l’humain dans la recherche de paix avec Dieu. Je me rends dans une église pour parler avec le prêtre. Le lieu est un vrai contraste avec la mosquée, mais pas tant que çà. On dit souvent que les églises sont froides et tristes à l’intérieur. Mais c’est faux. La spiritualité ne se vit pas dans le confort. Certains ont l’habitude des tapis avec chauffage au sol, mais un temple reste un temple. Chaque édifice possède sa charge spirituelle. Dieu pardonne, que tu sois assis sur un banc en bois, ou prosterné sur un tapis doux et parfumé. Le Prophète Muhammad (bsdl) n’a pas construit de « mosquée cathédrale ». Il a établi un lieu de prière et chacun a le droit d’embellir ce lieu pour que son cœur s’y sente en paix. Le prêtre me faisait comprendre l’importance de la Trinité, mais je n’étais pas là pour le débat théologique. Que vais-je répondre à un homme qui me dit : « Mon cœur s’anime quand je ressens en même temps l’amour de Dieu, de Jésus et de Marie. » ? C’est sa foi et c’est sa quête et je n’ai pas le devoir de porter de jugement. Le Coran m’apprend à aimer, à pardonner, à me remettre en question et à reconnaître mes erreurs. Je ne suis qu’un humain au milieu des humains. Dieu détient les clés, pas moi…
La prochaine étape était la synagogue. J’ai mis du temps à la trouver. Elle était discrète. J’ai passé un interphone et quelques portes. Le Rabbin m’attendait. Il était assis au bout d’une longue table. C’est l’endroit où il recevait ses fidèles et ses invités. Nous n’avons pas pu éviter les sujets qui fâchent. Nous n’allions pas refaire l’histoire. Il m’a fait visiter la synagogue avec bienveillance et j’apprends qu’il a participé à la construction de la mosquée du quartier. Ses yeux s’illuminaient quand nous parlions des derniers instants de Moïse et de ses Cantiques. Le temps est vite passé. Il me proposa de me conduire à la gare pour prendre mon train. Il a pris tous les raccourcis pour m’éviter d’arriver en retard.
Alors ce monde nous appartient. Nous sommes nés pour apprendre à aimer alors que d’autres nous enseignent la haine. Nous ne sommes pas responsables des erreurs des autres ; nous devons seulement assumer les nôtres. Nos prières sont notre paix et il y a tellement à apprendre de nos différences. Rien n’est plus beau qu’un être qui sait remettre en question son comportement. Les clés du Paradis sont nulle part chez les humains. Elles sont entre les mains de Celui qui connaît les secrets des cœurs. Le Juif t’apprendra la sagesse ; le Chrétien t’enseignera le pardon ; et le musulman te montrera les clés de la patience et de la persévérance. Prends de tout cela et construis ta paix… Construis ton âme et reprends possession de ton cœur.
Billet de blog 3 mars 2018
Ma "messe" du vendredi
Tu penses détenir les clés du Paradis en choisissant de condamner : « Toi l’Enfer ! Toi le Paradis ! » Tu possèdes les clés pour les autres… Mais as-tu les clés pour toi ?
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.